Manœuvres en Biélorussie et en mer Noire, incessants coups de téléphone passés à Poutine par les dirigeants occidentaux : la pression monte, mais pourtant rien ne change. On reste dans la guerre psychologique, même si chaque jour qui passe peut nous rapprocher d’un conflit. Ce serait pour mercredi, croit savoir la CIA…Qui sait aujourd’hui ce qu’il y a dans la tête de Poutine ? Personne, sauf Poutine lui-même. Et encore… Pas sûr qu’il ait décidé des moyens par lesquels il atteindra ses buts de restaurer la grandeur de la Russie, de faire reculer l’Otan…
La diplomatie ou la guerre ? Pour Moscou, la négociation ne peut se concevoir qu’en position de force. Pour l’instant, c’est toujours le Kremlin qui mène le jeu. Washington, Paris, Londres ? Berlin et autres capitales menacent la Russie de sanctions dont elle ne se relèverait pas. « Hystérie américaine» répond Moscou. « Nous n’avons rien à foutre de toutes leurs sanctions » se moque son ambassadeur en Suède. « On nous a déjà imposé tellement de sanctions et, dans un sens, elles ont eu des effets positifs sur notre industrie et notre agriculture ». C’est faux mais qu’importe. Poutine est persuadé de la faiblesse de l’Occident, de son déclin alors que lui ne recule pas, son peuple ne compte guère à ses yeux.
Quand on constate que Joe Biden envoie 3 000 hommes dans les pays de l’Est en précisant bien qu’ils ne sont pas là pour se battre et retire ses instructeurs d’Ukraine pour qu’ils ne soient pas entraînés dans un conflit, quand on sait que l’Europe n’a pas d’armée, pas de défense et pas de position unie, on peut légitimement penser que le Russe n’a pas vraiment tort. Aux Etats-Unis, comme en Europe, personne n’est prêt à mourir pour l’Ukraine. Qui d’ailleurs n’est pas exempte de tout reproche, réticente qu’elle est de vouloir appliquer les accords de Minsk.
A Londres, le ministre de la Défense britannique, Ben Wallace, juge qu’il y a un «parfum de Munich dans l’air» à propos de l’Ukraine, en référence à l’accord de 1938 avec l’Allemagne qui a ouvert la voie à l’expansion nazie, à la guerre qu’il était censé éviter. Certains parlent de lâchetés occidentales, d’abandon car la guerre si elle arrive ne serait qu’entre la Russie et l’Ukraine. Pas entre l’Otan et la Russie. Mais peut-on envisager froidement une guerre mondiale ?
Ce n’est pas une lâcheté que de vouloir la paix, que de maintenir un dialogue. Si les exigences de Poutine ne peuvent être satisfaites en l’état, la discussion reste possible et même souhaitable sur un nouvel ordre de sécurité en Europe et aussi sur le devenir de l’Otan. Olaf Scholz sera demain à Moscou avec un atout en main :le Nord Stream 2. L’avenir n’est pas encore écrit…