Un commentateur commente ainsi l’entretien Macron-Poutine : « Quand on invite un ours à danser, c’est l’ours qui dit quand la danse est finie ». Un autre pense que Poutine est monté au cocotier et qu’il ne sait plus comment en descendre. Les deux ont peut-être raison : le but du Russe n’est pas vraiment d’envahir l’Ukraine mais d’imposer un nouvel ordre dans l’Europe géographique et de ne voir personne pouvoir menacer la sécurité de son pays. Empêcher l’Otan qu’il ne supporte pas de jouer sans cesse une opération « porte ouverte » et jouer les provocateurs pour obtenir satisfaction. Il est allé très loin et se trouve surpris par la résistance rencontrée surtout de la part de cette Union européenne qu’il prenait pour faible, inexistante. Il a dû subir les interrogations d’Emmanuel Macron qui l’a presque « torturé » et bientôt celles d’Olaf Scholz qui détient l’arme stratégique, hautement importante pour Moscou, du gazoduc Nord Stream 2. L’inquiétude est toujours là car le pire peut survenir très vite, un incident, une provocation de trop et un enchaînement fatal.
Si, comme on le pense, comme le pensent la majorité des Ukrainiens, Vladimir Poutine ne veut pas la guerre, on serait effectivement sur la voie de la désescalade, au début d’un processus qui sera long et difficile, ainsi que l’indique Emmanuel Macron. Un mécanisme nouveau à inventer…
C’est toujours l’ours russe qui mène la danse car, même s’il sait que toutes ses exigences ne seront pas satisfaites, elles seront bel et bien sur la table quand les négociations s’ouvriront. On n’en n’est pas là, mais Macron et sans doute Scholz et les Européens sont d’accord pour pousser à l’application des accords de Minsk 2 sur le statut spécial à accorder aux régions du Donetsk et de Lougansk toujours en guerre. Et pour établir des conditions de sécurité acceptables par tous. L’Europe, qui n’a pas de défense, commence à montrer qu’elle existe et elle dit que la Russie est en Europe. L’entente est nécessaire, indispensable et ne doit pas être dictée de Washington.
N’ayant rien cédé, Poutine garde la main et reste dangereux car il ne se soucie pas du peuple russe, mais seulement de son pouvoir et de la grandeur russe perdue. Macron, lui, a marqué des points en lui tenant tête, en lui proposant des pistes de sorties de crise qu’il va examiner, en avançant que l’avenir ne s’écrit pas forcément en…américain.