Une nouvelle fois, les Etats-Unis, en opposant leur veto à une résolution exigeant un cessez-le-feu immédiat, accordent à leur allié israélien le droit de tuer encore à Gaza même s’ils promettent un nouveau texte qui proposera un arrêt temporaire et sous conditions. Le carnage continue, les Palestiniens souffrent et meurent.
Et l’on peut se reposer la question de savoir si tous les morts se valent. Elle a animé beaucoup de débats depuis le 7 octobre, les uns reprochant aux autres – et vice versa- d’attacher plus d’importance aux Israéliens tués par le Hamas qu’aux Palestiniens tombés chaque jour sous les bombes de Tsahal. Beaucoup de dirigeants du monde entier ont répété qu’un mort valait un autre mort quel que soit son camp, mais dans les commentaires, il était souvent souligné que les Israéliens avaient été tués lors d’actes terroristes interdits par les lois internationales. Les défenseurs des Palestiniens répondaient qu’il s’agissait de faits de résistance légitime, même s’il est admis que les résistants ne s’attaquent pas aux civils…
Qu’on le veuille ou non, les morts ne se valent pas en ce sens qu’ils n’ont pas la même importance aux yeux de tous les publics. Dans chaque école de journalisme, on apprend qu’il existe un principe de proximité ou de « mort kilomètre » : un mort près de chez soi touche plus que de nombreux morts très loin. Les informations sont hiérarchisées par les journalistes et par ceux qui les reçoivent en fonction de proximités géographiques, culturelles, affectives et de considérations politiques et géopolitiques. La même information n’a pas partout la même valeur, le même sens.
A partir de là, même si humainement et philosophiquement, on ne peut faire de différence, il est évident que les morts ne se valent pas. Qui se soucient des Soudanais qui meurent dans ce qu’une ONG appelle « la pire crise humanitaire du monde » ? Qui pleure les plus de 500 000 morts en Syrie depuis 2011 ? Et ceux de Libye, Irak, Ethiopie, Sahel, Somalie, République démocratique du Congo, Mozambique, Yémen, Ukraine… La liste est très longue des pays touchés par des conflits ignorés par les actualités. Ces morts-là ne comptent pas…
A la Une de son dernier numéro, l’hebdomadaire français Marianne titrait : « 48% de la population mondiale impliquée dans un conflit. Et demain ? »
Gaza, l’Ukraine, la Russie, Israël ne rendent pas optimiste…