C’est Noureddine Taboubi, secrétaire général de l’UGTT, récemment reçu à Carthage qui l’a affirmé: Kais Saied n’acceptera de présider le dialogue national, maintes fois demandé et reporté, qu’à la condition du départ de Hichem Mechichi, Président du gouvernement.
Ce qui veut dire que ce n’est pas une correction du remaniement opéré depuis plus d’un mois, par le Président du gouvernement et validé par l’ARP, qui satisferait Kais Saied mais bien le départ de son ancien protégé et de toute son équipe.
Dans les faits, ce refus d’accepter la prestation de serment des ministres nommés et validés par les deux autres centres du pouvoir, à savoir le Président du gouvernement et, surtout, l’Assemblée des représentants du peuple, donc le peuple, in fine , c’est s’octroyer un pouvoir indu même si on peut toujours trouver justification dans une interprétation plus ou moins acceptable de la constitution.
Indu, pourquoi?
Et bien tout simplement parce que cette attitude du Président présenté comme juste, incorruptible et honnête, ce dont personne ne doute,devient contre-productive.
Nous voilà, nous 13 millions de citoyens, pris en otage pour une guéguerre d’ego.
Kais saied se venge manifestement de Mechichi, dans lequel il voit un traître. Peut-être, mais cela fait partie du jeu politique, de tout temps et partout. D’ailleurs il n’y a pas si longtemps dans le même palais de Carthage, un illustre président nommé Caïd Essebsi, a subi le même sort. Il n’a pourtant pas bloqué le pays pour autant, mais a continué à collaborer avec son président du gouvernement au nom du sens de l’intérêt supérieur de l’État qui doit primer sur tous et sur tout et en toute circonstance.
Et pendant que le Président de la république savoure sa petite vengeance, le pays est à l’arrêt, son économie part en lambeaux, son image est ternie pour servir l’ego surdimensionné de Kaïs Saied, car il faut reconnaître que les deux autres présidents ont clairement exprimé leur disposition au dialogue national.
Pour en revenir à la déclaration de Taboubi, celui-ci a indiqué la solution pour sortir de cette impasse dans laquelle nous avons été fourrés : que Monsieur le Président fasse une petite concession. Entendra-t-il?