Visée par toutes sortes d’attaques dans les médias et les réseaux sociaux depuis sa nomination ministre-directeur-de-cabinet du Président de la république, y compris par Achaab Yourid (Le peuple veut) qui se déclare être pourtant le parti de Kaïs Saïd, Nadia Akacka a longtemps fait montre d’une superbe indifférence face aux assauts répétés de ses détracteurs, n’exprimant ni crainte, ni peur dès lors qu’elle jouit de la totale confiance présidentielle.
Les choses semblent cependant avoir changé depuis ce matin puisque Madame Akacha a fini par publier un poste sur son compte Facebook cherchant à se disculper des accusations dont elle fait l’objet. Il faut dire que les griefs à son endroit sont graves, voire gravissimes. Elle est accusée d’être, avec l’ancien ambassadeur de France à Tunis Olivier Poivre d’Arvor, l’un des personnages concernés par les récentes fuites l’impliquant dans des manœuvres politiques dans le but de révoquer l’ancien président du gouvernement Lyès Fakhfakh et son remplacement par Hichem Mechichi décrit comme « un homme de paille » par la chroniqueuse Maya Ksouri, héroïne malgré elle de l’enregistrement divulgué.
Vraies ou fausses, les accusations portées contre Nadia Akacha devraient l’inciter à réfléchir car elles donnent la mesure des sentiments contraires qu’elles suscitent auprès d’une bonne partie de l’opinion publique. Et ce n’est pas forcément pour des raisons politiques.
Il suffit en effet de lire le post de Madame Akacha pour comprendre déjà l’une des raisons qui fait d’elle une cible idéale pour la critique et le rejet: l’arrogance. Elle répond pour dire qu’elle sait qui sont ceux qui se se cachent derrière les campagnes tendancieuses et sales et qu’elle n’est pas concernée par ces inepties (sic).
En fait, cette absence de réponse est une réponse de quelqu’un qui se sent blessé. Madame Akacha l’est assurément.On n’arrête pas de lui faire mauvais procès la poussant à jouer le rôle du souffre-douleur qui concentre tous les ressentiments à l’égard de son patron, Kaïs Saïd. Il faut dire qu’il y a de quoi, et personne n’est près d’oublier le mépris avec lequel elle a traité les députés lors du dernier débat budgétaire, refusant de répondre à leurs questions.
Sans doute que Madame Akacha paie aussi le fait qu’elle est une femme à la tête d’un poste aussi sensible que la direction du cabinet du Président de la République. On pourrait nous répliquer qu’avant elle une femme, Salma Elloumi, avait occupé le même poste sous le regretté Caïd Essebsi. Oui, mais toute la différence est là justement. Elloumi jouait le rôle du directeur de cabinet stricto sensu, en restant dans l’ombre de son patron. Akacha est projetée à l’avant-scène, se déplace avec le Président de la République, prend part à tous ses voyages à l’étranger. Elle est la doublure du Président. Personne ne l’a élue, pourtant.
Aujourd’hui dans cette situation de blocage à tous les étages de l’Etat dont s’est rendu responsable le Président Kaïs Saïd, Nadia Akacha assume, bien malgré elle, sa part de responsabilité.
Elle devrait y réfléchir et pousser vers une attitude plus positive et conciliante si elle veut éviter autant de critiques justifiées ou non.