Fêté en grande pompe cette année, le prestigieux Prix Aboul Kacem Chebbi parrainé par la Banque de Tunisie, vient d’être attribué au grand poète libanais Charbel Dagher, encore sous le choc de ce qui se passe dans son pays et les pays alentours. Des moments de grande émotion ont marqué la cérémonie de cette 30ème édition (40 ans d’existence) qui a eu lieu samedi 23 novembre 2024 à Tozeur, fief d’Aboul Kacem Chabbi, dont les poèmes traduits en plusieurs langues ont parcouru le monde entier comme « Iradet Al Hayat », (La volonté de vivre), crédo de notre hymne national. Un prix qu’on célèbre avec beaucoup d’amour et de fierté, vu sa symbolique à l’occasion de la commémoration du 90ème anniversaire de la disparition du poète, et en hommage à son œuvre universelle.
Il était évident donc que Tozeur se mette sur son trente- et -un pour accueillir cet événement qui coïncide aussi avec le 140ème anniversaire de la création de la Banque de Tunisie, en présence de nombreux convives de Tunisie, du Liban et d’Arabie saoudite, des cadres de la BT, à leur tête M. Hichem Rebaî, (directeur général), de poètes, écrivains et hommes de culture, des responsables de la région de Tozeur et des représentants de divers médias.
Larmes et… émotions
Charbel Dagher qui n’a pas pu contenir ses larmes en évoquant son pays lors de son speech, a été primé pour son récent recueil de poésie intitulé « Yaghtassilou annathrou fi nahrihi », paru cette année aux éditions (Khoutot wa Dhilal), en Jordanie. Poète, écrivain et conteur en arabe et en français, Charbel Dagher compte parmi les voix actives et proéminentes sur la scène culturelle arabe principalement dans les domaines de la poésie et de la langue arabe. Le jury a décerné son prix (d’une valeur de 25 mille dinars), pour – note t-on- , une « poésie en prose qui se distingue par la modernité de sa structure poétique et cognitive et l’esthétique de son style narratif qui verse dans tous les genres littéraires ».
Salawat Fi Heykel Al Hob
Présidé par Moncef Louhaibi, le Jury composé de (Abdeljelil Messaoudi, Chiraz Dardour, Hatem Fatnassi, Omar Hfaiedh et Wannassa Nasraoui) a décidé, en plus du Prix principal, d’attribuer un second prix spécial (d’une valeur de 10 mille dinars), « d’appréciation à une personnalité culturelle pour l’ensemble de ses œuvres ». Il a été décerné cette fois, à Abdelmagid Charfi qui vient de publier avec l’appui de la BT, un intéressant essai intitulé « Hayat Al Aghani », autour de l’œuvre d’Aboul Kacem Chebbi (Maison Nihed d’édition, 2024 ). Nommé à la tête de Beit –al- Hikma, Abdelmagid Charfi est un universitaire spécialiste de la civilisation et de la pensée islamique.
D’autres brillantes figures de la scène littéraire et culturelle tunisienne ont été honorées lors de cette cérémonie pour leurs apports et parcours notamment, Jémila Mejri (poétesse, récipiendaire du prix Aboul Kacem Chebbi en 2006) Aicha Filali, (plasticienne à la tête du Centre des arts vivants de Radès), Abdelmagid El Bekri (artiste peintre et calligraphe), Mohamed Bouhouch (romancier et nouvelliste de la région), Rania El Abed (directrice des Affaires culturelles à Tozeur), Ahmed Chaker Ben Dhaya (poète), Mohamed Salah Omri (professeur en langue et littérature arabes à St. John’s Collège, Oxford) et Mohamed Kouka (comédien et dramaturge ) qui a déclamé à cette occasion le fameux poème de Chebbi « Salawat fi Heykel al Hob ».
N’oublions pas l’invité d’honneur de la 30ème édition du Prix Aboul Kacem Chebbi, Dr Ahmed Karran Azzahrani, professeur en Communication et en Sciences de l’information (Arabie Saoudite).
Avec ce Prix, on relève en filigrane, le désir d’un établissement financier de renommée, (la Banque de Tunisie) de poursuivre sa noble mission ; soutenir et encourager la création dans les secteurs littéraire, culturel et artistique pour davantage de rayonnement à l’échelle nationale et internationale.