Depuis plus de dix ans, le Liban accueille depuis plus de deux millions de déplacés syriens et, depuis 75 ans, quelque 300 000 Palestiniens, un ensemble qui représente plus du quart des habitants du pays. Selon une étude, que rapporte RFI, cette présence de réfugiés pourrait engendrer un « changement drastique du tissu démographique » : les Libanais pourraient ne représenter que 52% de la population en 2038, selon l’étude préparée par Charbel Nahas, économiste de renom et ex-ministre des Télécommunications.
Aujourd’hui déjà, les Libanais ne représentent qu’entre 65% et 69% de la population résidente. En 2018, ils constituaient 71% de la population du Liban et, Il y a vingt ans, près de 80%. Les chiffres montrent bien une population libanaise déclinante à grande vitesse. Charbel Nahas tire la sonnette d’alarme sur la nature et l’ampleur du phénomène des mutations démographiques.
Plus du double de réfugiés syriens âgés de 1 à 4 ans par rapport aux enfants libanais
L’étude montre que dans certaines tranches d’âge, les réfugiés syriens sont déjà plus nombreux que les Libanais et dans des proportions qui ne sont pas négligeables. Les enfants de réfugiés syriens âgés d’un 1 à 4 ans représentent plus du double du nombre d’enfants Libanais du même âge. Pour les jeunes âgés entre 5 et 14 ans, la population syrienne est également plus importante que la libanaise.
Ce n’est pas encore le cas pour les jeunes âgées de 15 à 19 ans, mais les marges sont minimes et si l’évolution actuelle se confirme, le nombre de réfugiés syriens dans cette tranche d’âge sera très bientôt supérieur à la même tranche chez les Libanais.
La baisse de la fécondité gagne toutes les communautés
Le Liban a la plus haute densité de réfugiés par habitant au monde. Mais cette présence massive – de réfugiés syriens, et dans une moindre mesure, de palestiniens – n’est pas la seule raison pour expliquer le déclin de la population libanaise.
L’autre facteur est la baisse de la fécondité. Ce phénomène, par le passé limité aux chrétiens, a gagné les communautés sunnites et plus récemment chiites, en raison de l’amélioration du niveau de vie ces trois dernières décennies, notamment chez les communautés musulmanes.
Enfin, le troisième facteur est l’émigration, une tradition libanaise datant de près de deux siècles. Ce phénomène est provoqué par des événements historiques, comme les massacres intercommunautaires de 1860, la famine de 1914, la guerre civile entre 1975 et 1990, ou, plus récemment, la crise économique de 2019.
Des chiffres comparatifs montrent qu’entre 1997 et 2018, le Liban perdait près de 25 000 personnes chaque année.
Depuis 2019, ce nombre a plus que triplé. 78 000 Libanais ont quitté le pays tous les ans, soit 470 000 personnes, pour une population de moins de 7 millions d’habitants.