Quand les organismes et les partis politiques refusent le dialogue, il y a alors quelque chose d’incroyablement pourri dans le royaume du Danemark, comme dirait le vieux Shakespeare.
L’UGTT, mais aussi les partis politiques parmi lesquels notamment le Parti destourien libre(PDL) et le Parti du mouvement populaire, ont décliné l’invitation de l’ambassade des Etats-Unis à une rencontre avec la délégation du Congrès américain.
Pour justifier leur refus, les intéressés ont argué que l’invitation qui leur avait été lancée dans les circonstances actuelles que traverse la Tunisie du fait des mesures exceptionnelles prises le 25 juillet dernier par le Chef de l’Etat, équivalait à une approbation de l’ingérence étrangère dans les affaires intérieures du pays.
Pareille attitude de la part d’acteurs sociaux et politiques aussi importants, même se parant d’une aussi belle justification que l’attachement au principe non-négociable de l’indépendance de la décision nationale, soulève quelques questions :
Première question, et à supposer que la délégation américaine était venue avec la ferme intention de s’immiscer dans nos affaires intérieures et jouer un parti contre un autre, pourquoi refuser d’emblée de la rencontrer et d’engager le dialogue pour lui dire in vivo et directement cette opposition ?
Deuxième question, et partant du fait que jusqu’ici l’Administration américaine n’a pris aucune position tranchée vis-à-vis de ce qui se passe en Tunisie depuis le 25 juillet, sinon on l’aurait su et, surtout, la délégation américaine ne se serait pas déplacée jusqu’à chez nous, pourquoi préjuger de sa position et la condamner à l’avance ?
Troisième question : peut-on demander l’aide et l’appui de la plus grande puissance du monde que ce soit directement ou auprès des instances financières internationales, et lui refuser dans le même temps d’avoir une position sur des événements majeurs qui pourraient avoir un impact qui va au-delà de notre pays ?
Il est préoccupant que l’on puisse tomber aussi facilement dans la vague du populisme et que l’on soit, surtout, en train de perdre le sens des réalités qui a fait autrefois la force de la politique étrangère de notre pays, forçant l’admiration de nos partenaires et assurant le soutien de nos amis.
On ne refuse pas le dialogue dans les traditions des relations internationales. Et les absents ont toujours tort.