Adapter la démocratie participative et les mandats impératifs à la réalité en Tunisie
Un peu partout dans le monde d’aujourd’hui, les limites de la démocratie représentative comme système politique ne sont plus à démontrer. La Tunisie en est à ce titre une belle illustration de l’échec de ce mode de gouvernance. Une décennie a suffi pour prouver que l’Assemblée représentative n’a jamais été l’outil de l’expression de la volonté des Tunisiens elle aurait été même l’outil qui aura servi à l’ignorer et à l’écarter de la gestion des affaires de l’état. L’incompétence, la corruption, le fricotage, le lobbying, le favoritisme et le népotisme étaient les composants de l’algorithme du travail parlementaire à travers des lois sur mesure élaborées et votées à l’encontre de l’intérêt général. La démocratie tunisienne naissante a bel et bien raté son départ à travers le mode électoral suivi, les fraudes électorales et les candidatures de citoyens incompétents. C’est une classe « politique » qui s’est substituée à celle populaire soutenue fortement par la classe dite bourgeoise et que je qualifierai d’arriviste puisque aucune bourgeoisie nationale n’a existé en Tunisie étant formée de nouveaux riches rattachés fondamentalement à des puissances étrangères. Un travail parlementaire était à sa naissance condamné à l’échec et personne ne semblait se soucier des graves conséquences qu’il pourrait engendrer.
Y a-t-il un modèle de gouvernance type ?
Impossible de l’imaginer. À chaque époque de l’histoire des peuples ses caractéristiques et ses réglés de gestion de la vie politico-sociale. Certaines voix militent actuellement en faveur d’une démocratie participative fondée sur l’élection au niveau local de conseils de représentants qui seront à leur tour représentés au niveau régional pour atteindre à la fin le pouvoir central. L’équation semble impossible à résoudre bien qu’inspirée des idées de Rousseau et de Robespierre partisans de la théorie de la démocratie populaire. Là, et malheureusement nous sommes contraints d’admettre la conviction d’Emmanuel Sieyes qui lors de la rédaction de la première constitution française disait : « D’abord, la très grande pluralité de nos concitoyens n’a ni assez d’instruction, ni assez de loisir, pour vouloir s’occuper directement des lois qui doivent gouverner la France ; ils doivent donc se borner à se nommer des représentants. » Qui de nos jours se permet de nier cette réalité si nous la transférons sur la société tunisienne dans son ensemble ? La Tunisie profonde voir même citadine possède – t elle des citoyens murs intellectuellement et suffisamment instruits, capables d’élaborer des lois complexes et fondamentales ? Avec ce constat, les populations locales seront incontestablement mal représentées dans leurs conseils et ne se reconnaitront plus dans leurs représentants et c’est la structure même de l’État qui sera décomposée.
Mandat impératif et réalité socio économique
Si ni la démocratie représentative ni celle participative en cours d’élaboration semble-t-il pour sortir la Tunisie de l’archaïsme politique qui perdure ne peuvent réussir en Tunisie, il y a lieu de préconiser une fusion – démocratie populaire réalités socio économiques locales qui donnerait raison idéologique aux conseils locaux et régionaux et introduirait de facto le tissu socio économique dans la gestion directe de la vie des populations locales. Dans chaque localité, a priori, il existe nécessairement une base de la vie économique et sociale (industrie, agriculture, pêche, mines, énergie, universités. culture). À partir des représentants d’élus dans les structures indiquées se formeront les conseils des représentants qui siègeront aux côtés de représentants de l’État (gouverneurs, délégués.) et qui s’engageront chacun de son côté à travers un mandat impératif à mettre en exécution les recommandations et objectifs négociés au sein des structures composées naturellement par la population locale. Les conditions de citoyenneté prendront par là même leur place dans les exigences fondamentales. Ces mandats impératifs seront en toute logique démocratique un outil de révocation des représentants en cas de non-exécution, ainsi s’exerce la démocratie directe en temps réel sans attendre comme dans la pratique représentative une prochaine élection pour sanctionner leurs représentants élus des années plus tôt.