« Merci les amis » écrit-il sur Instagram à l’adresse de tous ceux qui se sont occupés de lui en Allemagne, « Venez m’accueillir » lance-il à ses partisans. Alexei Navalny doit arriver à 19h20 (17h20 à Tunis) à l’aéroport de Vnoukovo en provenance de Berlin où il est resté près de 5 mois.
Le 20 août 2020, l’opposant russe à Poutine rentre d’une tournée électorale en Sibérie. Dans l’avion qui relie Tomsk à Moscou, il perd connaissance et est hospitalise dans le coma à Omsk. Ses proches soupçonnent un empoisonnement et font pression pour qu’il soit transféré à l’étranger. Les autorités françaises et allemandes insistent et, le 23, Navalny est accueilli à l’hôpital de la Charité de Berlin. Bientôt, et malgré les dénégations du Kremlin, trois laboratoires européens, allemand, français et suédois, confirment que l’opposant a été empoisonné par un agent innervant de type novitchok interdit par les conventions internationales.
Navalny qui se rétablit rapidement mène sa propre enquête et, en décembre, affirme avoir piégé téléphoniquement un agent du FSB, les services de sécurité russe, qui avoue avoir participé à son empoisonnement en Sibérie. Une « falsification » dénonce le FSB.
Étudiant à Yale, blogueur dissident sur internet, avocat, fondateur d’une association anti corruption en 2011, Alexei Navalny, qui naguère tenait des propos xénophobes voire racistes, se lance en politique et crée la surprise aux élections municipales de Moscou en 2013 en arrivant en seconde position avec 27,3 % des voix. Il a alors 39 ans. Dès lors, il alterne les périodes de liberté et de prison pour participation à des manifestations interdites ou fraude ou détournement. Une enquête vient d’ailleurs d’être ouverte : il aurait utilisé pour son usage personnel des dons d’un montant de 356 millions de roubles, soit 3,9 millions d’euros. Mais c’est pour une autre affaire qu’il pourrait ce soir dormir en prison. En effet, les services pénitentiaires ont fait savoir qu’ils se sentaint obligés » de l’arrêter pour avoir violé les conditions liées à une peine de trois ans et demi de prison avec sursis prononcée en 2014. Il était alors accusé d’avoir détourné de l’argent appartenant à une filiale du groupe Yves Rocher.
Au moins 2000 de ses partisans ont exprimé l’intention d’aller l’accueillir à Vnoukovo. Des nationalistes pourraient également être là. Les autorités ont annoncé que tout « événement public serait considéré comme illégal et le terminal a été interdit aux journalistes, officiellement en raison de la pandémie de covid.
Considéré à l’étranger comme le principal opposant à Poutine, Navalny est ignoré par la presse « mainstream » russe mais sa chaîne You Tube est suivie par 4,8 millions d’abonnés. Cependant, seuls 20 % des Russes approuvent son action, selon un sondage indépendant. Inéligible jusqu’en 2028, son Parti du progrès ne comptant aucun élu, il rentre pour jouer un rôle dans les législatives de septembre. Que va faire, ce soir, Poutine ? Le laisser libre, ce qui pourrait être interprété comme un signe de faiblesse mais aussi d’ouverture ou sévir en maître absolu contre un agent de l’étranger » ? Le vol pourrait être détourné vers un autre aéroport…
F.Farès