Rien n’a été acté, mais pour la première fois, un léger espoir est né lors des négociations qui ont repris à İstanbul. En quatre heures, des progrès « constructifs » ont été enregistrés a reconnu la délégation russe qui a promis un retrait drastique de ses troupes dans les régions de Kiev et de Tchernihiv. Le matin même, le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, avait déjà annoncé que Moscou se concentrerait désormais sur son « objectif principal », à savoir « la libération du Donbass. » Cette annonce doit être accueillie avec prudence, et doit surtout être confirmée sur le terrain. Si c’était le cas, cela serait un tournant dans cette guerre débutée le 24 février. Pour la première fois, la partie russe a également évoqué la possibilité d’une rencontre entre Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky à condition, toutefois, que les conditions pour la signature d’un accord de paix soient réunies. La partie ukrainienne, qui réclame une telle rencontre depuis longtemps, estime de son côté que les résultats acquis à Istanbul sont aujourd’hui « suffisants pour une rencontre au niveau des chefs d’Etat ».
Les négociateurs ukrainiens ont déclaré qu’ils accepteraient la neutralité réclamée par Moscou, c’est-à-dire pas d’ adhésion à l’Otan et pas de troupes étrangères sur son sol, en échange de garanties internationales : un « accord international », dont seraient signataires plusieurs pays garants – le Conseil de sécurité de l’ONU, les Etats-Unis, la France, la Turquie, l’Allemagne, le Canada, la Pologne et Israël- reprendrait le mécanisme de l’article 5 de l’Otan, dit de « défense collective ». Les « garants » seront liés par cet accord de protection et devront se réunir sous trois jours en cas d’agression de l’Ukraine, puis lui fournir une assistance militaire et mettre en place une fermeture de l’espace aérien. Kiev demande également que cet accord international n’interdit en rien l’entrée de l’Ukraine dans l’UE, et que les Epays garants s’engagent à contribuer à ce processus. La Crimée et le Donbass seraient « temporairement exclues » de cet accord, tant que leur sort n’est pas réglé. La Russie ne serait pas opposée à cette adhésion à l’UE. Pour les Ukrainiens, les conditions sont désormais réunies pour une rencontre entre Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky.
Le secrétaire d’Etat américain reste dubitatif après cette annonce d’avancées : « Je n’ai rien vu qui puisse suggérer qu’il y a un véritable mouvement parce que nous n’avons pas vu de signes de réel sérieux de la part de la Russie. » a dit Antony Blinken de Rabat où il est en visite.
Ce matin, les évacuations de civils devaient reprendre via trois couloirs humanitaires, notamment depuis la ville assiégée de Marioupol, après une journée de suspension par crainte de « provocations » russes. Dans la ville portuaire pratiquement en ruines où la résistance se poursuit, Ramzan Kadyrov a annoncé son arrivée, selon plusieurs médias russes qui diffusent des images du leader tchétchène au milieu de soldats et avec le leader de la république autoproclamée de Donetsk. Une information difficile à confirmer de source indépendante. Ce matin, le siège de l’administration régionale de Mykolaïv, près d’Odessa, a subi une frappe de l’armée russe. Il y a au moins sept morts.De Washington, le président Biden, s’est entretenu avec des dirigeants européens en fin d’après-midi. Pour « discuter des derniers développements concernant l’invasion russe de l’Ukraine ». Le président français a, lui, téléphoné à Vladimir Poutine pour parler d’une évacuation humanitaire de Marioupol.