Par Jamel BELHASSEN
Dirigée par le dramaturge Moez Gdiri, la troupe École 77 composée essentiellement de jeunes amateurs a présenté mercredi soir au théâtre de la ville de Tunis sa pièce « Démo » dont le cadre n’est autre que la Tunisie post-révolution et plus précisément en 2021, dix années après la Révolution de 2011. Les martyrs de cet événement ont été ressuscités pour constater les conséquences de leur révolte sur la société tunisienne. Et le constat était d’emblée amer.
Dans une scénographie apocalyptique, des zombies chancelants découvrent successivement la dégradation d’une société à des niveaux multiples. Sous forme de comédie- ballet faite de chants et de danses exécutés par des jeunes acteurs pimpants et pleins d’énergie, Moez Gdiri a brossé un tableau riche en messages politique, social, culturel et éducationnel. La satire était tantôt directe tantôt suggérée et toute la panoplie des procédés de la dénonciation était passée en revue à la grande satisfaction du public présent en cette soirée ramadanesque.
Un rire jaune qui résume le sentiment de frustration d’une jeunesse piégée et trompée par des discours fallacieux répétés à satiété. Les thèmes développés à travers la parodie, le pastiche ou la caricature ont touché, titillé les esprits et la majorité ont été choisis sciemment pour provoquer une certaine prise de conscience chez la nouvelle génération et peut-être bien secouer la soi-disant intelligentsia dominante.
L’audimat au niveau des chaines radios et télés, les « dates » de l’indépendance tunisienne, 20 mars 1956, 7 novembre 1987, 14 janvier 2011 ou 17 décembre 2010, l’avenir des jeunes, la culture générale de la nouvelle génération, la « démo »cratie, la consultation nationale, la cherté de la vie, les forces occultes qui dirigent le pays, les assignés à résidence, le chômage, l’intégrisme, les partis politiques et leurs différends, l’ARP, le terrorisme, l’agression perpétrée contre les jeunes de Siliana, la police parallèle etc. Le tout sur un ton sarcastique désarmant.
On ne pouvait quitter la salle du théâtre de la ville de Tunis indifférents à cette « Demo » qui divise le vocable Démocratie en deux, allusion à ce que vit la Tunisie depuis le 14 janvier 2011.
Bravo Moez Gdiri, bravo à tes disciples qui ont mis sous le charme le public venu de toute part découvrir cette interprétation dont les recettes seront versées aux villages SOS en ce mois saint.