La présidente du Parti destourien libre (PDL), Abir Moussi, est revenue, ce lundi 11 avril 2022, sur les ondes de la radio Shems FM, sur sonl’interdiction d’accès au mausolée des martyrs à Sijoumi à la date du 9 avril 2022. « Nous avions informé le gouverneur, le ministre de l’Intérieur, le ministre de la Défense et le district de la police de cette visite… A mon arrivée, on a commencé à me parler d’autorisation et de je ne sais pas quoi », a-t-elle ajouté.
Abir Moussi a expliqué qu’elle s’était rendue au mausolée après la visite du président et qu’elle n’avait toujours pas reçu de réponse au sujet de l’interdiction d’accès. « On aurait pu m’interdire de visiter le mausolée dès le départ en m’expliquant qu’il s’agissait d’une question d’ordre sécuritaire ou protocolaire… Au lieu de cela, l’Etat a opté pour la politique de la sourde oreille », a-t-elle critiqué.
Abir Moussi a affirmé que le mausolée représentait non seulement l’histoire commune de la Tunisie, mais aussi celle de son parti. « Les dirigeants du parti ont mené les grandes batailles du mouvement nationaliste tunisien dans le passé… Ceux qui ont un complexe par rapport à cela doivent s’y adapter et l’accepter ! », s’est-elle exclamée.
La présidente du PDL a considéré qu’elle n’était pas concernée par le dialogue national, car il n’y avait pas d’éléments clairs relatifs à la structure et au déroulement de ce dialogue. Elle a, aussi, considéré qu’un dialogue n’aura aucune valeur juridique. Elle a, également, rejeté l’appel à participation à l’initiative de Ahmed Néjib Chebbi. Elle a affirmé que ce dernier servait les intérêts du mouvement Ennahdha.
La présidente du PDL n’a pas nié la possibilité de faire face à la même approche à l’occasion de la manifestation qui se déroulera à la date du 15 mai. Celle-ci prendra pour cible le palais de Carthage. « Nous n’avons pas reçu de réponse au sujet de la déclaration de la tenue de cette manifestation… Cette manifestation résulte de la situation dans laquelle se trouve le pays… Nous estimons que le pouvoir en place ne priorisait pas l’intérêt supérieur du pays… Nous ne sommes plus des sujets. Nous sommes devenus des esclaves… Le pouvoir en place agit comme bon lui semble… Il n’y a pas de respect de la loi ou des procédures… Malheureusement, la classe politique n’est pas en train de mettre le doigt sur le véritable problème », a-t-elle déclaré.
La présidente du PDL a estimé que la gouvernance de l’Etat se déroulait en dehors de la loi. « Le PDL tiendra demain une conférence de presse afin d’annoncer plusieurs décisions. Ceux qui signent la paperasse et gouvernent le pays doivent comprendre qu’ils sont en train de commettre un crime… Le président gouverne à travers des décrets. Or, ce type de textes de loi ne peut pas porter sur le système électoral… Kaïs Saïed agit comme s’il était le fondateur de la République et qu’il était derrière l’indépendance du pays… Pourquoi est-ce que les professeurs de droit ne parlent pas de cela ? Pourquoi évitent-ils de mettre l’accent sur cela ? », a-t-elle critiqué.
Au sujet d’Ennahdha et de ses alliés, Abir Moussi a considéré que les agissements de ces derniers poussaient la Tunisie vers un conflit de légitimité. Elle s’est interrogée sur le secret de l’excès de confiance du président d’Ennahdha Rached Ghannouchi. Elle a considéré qu’il représentait un danger pour la sécurité nationale.
« La dissolution de l’Assemblée des représentants du peuple doit concorder avec la levée de la situation d’exception. De plus, l’état d’exception ne permet pas l’adoption d’une nouvelle constitution, le changement du régime politique ou l’adoption de réformes structurelles… Nous ne pouvons pas réformer en dehors de la loi… S’il compte entamer d’ici demain le dialogue national, le président de la République n’aura que quarante jours pour apporter l’ensemble des révisions de la loi afin de promulguer le décret portant convocation des électeurs… Ceci montre que son programme était déjà prêt avant l’entame du dialogue et que les textes ont été rédigés… Il use de manœuvre… Il a annoncé l’entame du dialogue national. L’UGTT a, par la suite, nié cela ! », a-t-elle déploré.
Abir Moussi a, également, expliqué que la modification du régime politique ou du mode de scrutin n’apportera pas de réels changements au niveau de la scène politique. « Le président compte tout changer en l’espace de quarante jours et sans consulter personne… Il se base sur une consultation dont les résultats ont été falsifiés… Seulement 19% des 534 mille participants ont répondu aux questions portant sur le volet politique… La purification de la scène politique ne peut avoir lieu sans faire barrage à ceux faussant les résultats et exploitant les élections. Il s’agit des sociétés de sondage… Les 90% qu’ils lui avaient accordés ont conduit aux conflits entre les partisans de Kaïs Saïed… Les médias sont, également, responsables de la situation », a-t-elle poursuivi.
Abir Moussi a affirmé qu’elle n’avait pas confiance en les prochaines nominations du président au niveau de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie). « Nous devons, aussi, réaliser un audit au niveau de l’appareil exécutif de l’instance afin d’identifier les employés affiliés aux islamistes… Nous devons, également, étudier la composition des bureaux de vote », a-t-elle expliqué.
La présidente du PDL a, aussi, affirmé que les islamistes détenaient une base de données relative à la composition de la société tunisienne. Elle a appelé à revoir le financement des associations et composantes de la société civile.