Par Jawher Chatty*
« Ibn Khaldoun, Freud et Agatha Christie au chevet de la Tunisie ». J’avais posté cela hier, un peu en s’amusant sur mon « mur ». Je n’avais alors aucune idée, mais vraiment aucune, de la portée que cela allait avoir. Surtout, pas le moindre soupçon que l’évolution des choses allaient me donner raison.
Ibn Khaldoun d’abord. Jamais la sociologie politique n’a été aussi élevée qu’aujourd’hui au rang qu’elle mérite . Les chroniqueurs radio, les matinales et midi-show semblent banaliser ou ne pas tout à fait saisir l’importance pour un politique de comprendre et de s’imprégner de la « psychologie de la société ». Zied Krichen , sur Mosaïque, avait tenté de le dire mais le brouhaha ambiante l’en avait empêché.
Freud. La révolution de 2011 avait tellement suscité d’espoir, d’enthousiasme jusqu’à l’euphorie qu’il aurait très tôt fallu penser à engager une psychothérapie collective afin d’immuniser le peuple au cas d’un éventuel grand désenchantement. Rien n’a été fait bien sûr. Résultat : le peuple est demeuré dans l’angoisse du lendemain.
Aujourd’hui plus qu’hier.
Agatha Christie, enfin. Depuis dix ans, on ne compte plus les commissions d’enquête. Nous en attendons toujours les résultats. Assassinats politiques, voie de fait, violence politique, défaillances administratives graves et de toutes sortes… Comme celle qui a causé la mort d’un jeune médecin en chute libre dans une cabine d’ascenseur. Passe encore tout cela, Agatha va devoir aujourd’hui écrire un nouveau chapitre; inédit et très grave.
Un communiqué de la Présidence de la République venait justement de tomber. La première conseillère à la Présidence de la République est à l’hôpital militaire pour soins, des suites d’un courrier empoisonné. Nous lui souhaitons prompt rétablissement. Vraiment; inchallah billotf, comme on dit en bon Tunisien.
Les choses deviennent très préoccupantes. Le monde nous regarde médusé. Il regarde notre descente aux enfers où nous serons seuls, nous Tunisiens, absolument seuls à devoir en payer le prix. La Tunisie mérite mieux, vraiment.
*Ancien Rédacteur en Chef La Presse