Huit personnes ont été tuées et quatre blessées jeudi par une frappe russe ayant touché un arrêt de bus à Toretsk, près de la ligne de front dans l’est de l’Ukraine, a annoncé le gouverneur régional.
« D’après les premières informations dont nous disposons, il s’agit d’un tir d’artillerie qui a atteint un arrêt de transport en commun où une foule attendait », a expliqué sur Telegram Pavlo Kyrylenko, gouverneur de la région de Donetsk.
Selon lui, trois des quatre blessés sont des enfants.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait exhorté samedi les habitants de cette région à la quitter rapidement face aux bombardements des forces russes et des problèmes d’approvisionnement en eau et en chauffage.
« J’en appelle à tous les résidents de la région: ne soyez pas une cible pour les Russes! Evacuez sans délai! », a encore insisté M. Kyrylenko dans son message.
Des bombardements russes ont visé jeudi plusieurs autres villes et villages ukrainiens, dont Mykolaïv, dans le sud, où des immeubles d’habitations ont été endommagés dans deux quartiers, selon le maire Oleksandre Senkevitch.
A Kharkiv, la deuxième ville du pays, les autorités locales ont rapporté des attaques de missiles russes ayant frappé des zones industrielles.
Les forces ukrainiennes mènent de leur côté une contre-offensive dans le sud du pays, où elles affirment avoir repris plus de 50 villages contrôlés par Moscou.
Peu de territoires conquis en juillet
L’avancée territoriale de la Russie a ralenti au mois de juillet, selon le compte Ukraine War Map, qui cartographie les positions russes et ukrainiennes depuis le 24 février. Le territoire contrôlé par Moscou en Ukraine a augmenté d’environ 165 km² au mois de juillet, soit approximativement 0,02 % de plus qu’à la fin de juin. Au total, la Russie occupe un peu plus de 19 % de l’Ukraine. Par comparaison, en juin, les forces de Moscou s’étaient emparées de 1 500 km² supplémentaires en un mois.
Dans l’enfer d’Avdiïvka
La ville d’Avdiïvka, au nord de Donetsk, est sous le feu de l’armée russe depuis des jours. Mercredi soir, le président de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky, a reconnu que les Ukrainiens ne pouvaient « pas battre complètement l’armée russe en termes d’artillerie et d’effectifs ». « Nous le sentons dans les combats, a-t-il ajouté, en particulier dans le Donbass, à Pisky, Avdiïvka et ailleurs. C’est l’enfer là-bas. Il n’y a pas de mots pour décrire ce qui s’y passe. »
Jeudi matin, le chef de l’administration militaire de la ville d’Avdiïvka, Vitalii Barabash, a déclaré que 2 500 civils se trouvaient toujours dans la ville, soit 10 % de la population de la ville avant l’invasion russe. Selon M. Barabash, cité par le Kyiv Independent, les conditions de vie dans la ville, privée de gaz, d’eau et d’électricité, sont « inhumaines ». Les Russes bombarderaient Avdiïvka jusqu’à vingt fois par jour.
Enquête d’Amnesty : l’Ukraine indignée
Le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kuleba, s’est dit « indigné » par l’enquête de l’ONG Amnesty International, qui reproche à Kiev de mettre en danger des civils dans le cadre de la guerre avec Moscou. « Je suis indigné tout comme vous par le rapport d’Amnesty International. Je le considère comme injuste », a dit M. Kuleba dans une vidéo publiée sur Facebook.
Dans ce rapport publié après une enquête de quatre mois, l’ONG a accusé l’armée ukrainienne d’établir des bases militaires dans des écoles et des hôpitaux et de lancer des attaques depuis des zones peuplées, une tactique qui viole selon elle le droit humanitaire international.
M. Kuleba a accusé en retour Amnesty International de « créer un faux équilibre entre l’oppresseur et la victime, entre le pays qui détruit des centaines et des milliers de civils, de villes, de territoires et le pays qui se défend désespérément ». « Cessez de créer cette fausse réalité, où tout le monde est un peu coupable de quelque chose, et commencez à rapporter systématiquement la vérité sur ce que la Russie représente réellement aujourd’hui », a-t-il ajouté.
Si Amnesty a dénoncé ces tactiques ukrainiennes, l’ONG insiste sur le fait qu’elles ne « justifient en aucun cas les attaques russes aveugles » qui ont frappé les populations civiles.
Schroeder : des propos « dégoutants »
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a qualifié de « dégoûtants » les propos de l’ex-chancelier allemand Gerhard Schröder, proche de Vladimir Poutine, qui a évoqué « une solution négociée » voulue, selon lui, par la Russie dans la guerre en Ukraine. La Russie « active divers émissaires avec des thèses selon lesquelles l’État terroriste voudrait des négociations », a déclaré le président ukrainien dans son adresse vidéo quotidienne dans une apparente allusion à Gerhard Schröder sans le citer nommément. « Si la Russie voulait vraiment la fin de la guerre, elle n’aurait pas déployé ses réserves dans le sud de l’Ukraine et n’aurait pas commis d’assassinats de masse sur le territoire ukrainien », a-t-il poursuivi. « C’est tout simplement dégoûtant que d’anciens dirigeants d’États puissants aux valeurs européennes travaillent pour la Russie, qui se bat contre ces valeurs », a-t-il conclu. Le président ukrainien réagissait aux déclarations de Schröder, qui a déclaré dans une interview publiée dans les médias allemands mercredi : « La bonne nouvelle est que le Kremlin veut une solution négociée ». Il précise avoir rencontré la semaine dernière le président Vladimir Poutine au cours de sa visite à Moscou.