La polémique à propos de l’égalité entre les deux sexes est relancée. Une cour d’appel de Tripoli vient d’annuler l’accord-cadre signé l’an dernier entre le gouvernement Dbeibah et les Nations-Unies pour lutter contre la discrimination à l’égard des femmes. La justice libyenne considère que cet accord est « contraire aux dispositions de la loi islamique ». Elle s’est basée dans ce jugement sur une fatwa.
Signé en octobre 2021 avec l’ONU pour améliorer les conditions de la femme en Libye, cet accord est définitivement rejeté. Signataire pour la Libye, la ministre de la Femme, Houriya Torman, a été fortement attaquée et accusée d’enfreindre la loi islamique. « Aucun article de cet accord ne contredit la loi islamique ni les lois de l’état libyen » a-t-elle affirmé. Mais sans succès. La position de plusieurs juristes et défenseurs des droits de l’homme n’a pas pesé non plus.
Cherchant à ne pas offenser les islamistes, le gouvernement Dbeibah avait alors gelé l’accord et annoncé avoir ouvert une enquête. En saisissant la justice, les protestataires islamistes confondaient selon des juristes, cet accord avec le texte de la convention internationale (CEDAW) pour lutter contre les discriminations à l’égard des femmes, approuvé à l’ONU en 1979. Or, la Libye l’avait bien signé en 1998 mais en émettant quelques réserves. Quant à l’accord annulé, il visait à établir un plan national pour soutenir les droits des femmes et appuyer leur rôle dans les différents domaines de la société. « La société libyenne n’accepte pas encore le changement, surtout en ce qui concerne la femme » constatent, amers, les défenseurs des droits.