À 13h24, ce vendredi 14 octobre, la voix de l’imam Kader a retenti via deux haut-parleurs accrochés au-dessus de la porte en bois massif de la mosquée d’Ehrenfeld inaugurée en 2018 par le président turc Erdogan. Cinq minutes d’appels à la prière répercutés à 60 décibels. «Soit le volume sonore d’une conversation», précise Ditib, acronyme pour Union turco-islamiste de l’office pour la religion. Conformément aux conditions fixées par la convention élaborée avec la municipalité de Cologne, fruit des discussions depuis l’annonce de cet «appel du muezzin», il y a un an. Lors de la dernière réunion organisée jeudi avec les riverains, le représentant Zekeriya Altuğ a tenté de rassurer : il ne s’agit pas «de se faire entendre dans tout le quartier ou de perturber le quotidien des gens, simplement de permettre aux musulmans de vivre leur religion».
Une trentaine d’opposants ont manifesté dans la rue à l’heure de la prière, mais les protestations n’ont guère eu d’écho dans le pays et cette «première» n’a fait la Une d’aucun journal national allemand. Sur Twitter, l’Alternative pour l’Allemagne a tenté de thématiser une «Allemagne sans appel à la prière musulmane». Selon un sondage réalisé l’an dernier par le centre berlinois pour la recherche sociale, 44 % des Allemands sont d’accord avec l’affirmation selon laquelle «l’islam fait partie de l’Allemagne».
La liberté de religion est ancrée dans la constitution et le tribunal constitutionnel allemand a autorisé de façon générale les appels à la prière sur l’ensemble du territoire.