Pour commander, ils composent le numéro de téléphone indiqué par le fournisseur, choisissent dans la carte le produit qui leur convient et attendent quelque temps pour être livrés. Mais ce qu’ils commandent n’est ni une pizza ni une salade ni un gâteau mais bel et bien une…pièce de théâtre, certes une petite pièce de théâtre qui ne dure que quarante-cinq minutes, mais pièce de théâtre quand même. Le principe est exactement le même que celui des repas livrés à domicile, sauf qu’il s’agit ici d’un « mets » culturel. Une petite troupe de comédiens est dépêchée chez le commanditaire, elle joue un petit sketch devant les membres de la famille, touche un petit cachet puis quitte les lieux. Voici une initiative qui fait le bonheur de tous. Artistes et citoyens sont comblés en desserrant l’étau du confinement. Cela s’appelle le « teatro delivery » et cela se passe en Italie.
Cette initiative est nettement distincte des moyens utilisés par nos artistes pour revendiquer leurs droits légitimes au travail et à une vie décente. Le sit-in et les cris de protestation sont certes une forme comme une autre pour sensibiliser les pouvoirs publics à la situation alarmante de ceux qui n’ont d’autre gagne-pain que leur métier. Toutefois, avouons qu’il s’agit là d’une démarche classique qui peut aboutir à un échec lorsque le vis-à-vis fait la sourde oreille, surtout dans un pays où la culture n’est pas considérée comme un besoin vital.
Le domaine de l’art est par définition celui de la créativité, du rejet de tout ce qui est sclérosé. Des solutions comme le « teatro delivery » en sont l’illustration et représentent une bouffée d’air aussi bien pour les prestataires que pour leur public.
Serons-nous un jour agréablement surpris par des actes aussi innovants de la part de nos artistes ? Ils en sont capables, et notre espoir n’est pas une vaine utopie. Soyons réalistes…