La nouvelle exposition de l’artiste et activiste chinois, qui devait s’ouvrir mercredi à la Lisson Gallery de Londres, a été annulée après qu’il a publié un commentaire sur les réseaux sociaux faisant référence à la guerre en cours dans la bande de Gaza, rapporte la BBC. Le tweet en question, supprimé depuis, indiquait notamment que “La culpabilité liée à la persécution du peuple juif a parfois été transférée pour compenser celle que nous ne ressentons pas envers le monde arabe. Financièrement, culturellement et médiatiquement, la communauté juive a une présence significative aux États-Unis. L’aide annuelle de 3 milliards de dollars à l’État d’Israël est, depuis des décennies, présentée comme l’un des investissements les plus précieux jamais réalisés par les États-Unis. Ce partenariat est souvent décrit comme celui d’un destin partagé”.
Les représentants de la galerie d’art ont justifié leur décision ainsi: «il n’y a pas de place pour un débat qui peut être qualifié d’antisémite ou d’islamophobe à une époque où tous les efforts devraient viser à mettre fin aux souffrances tragiques dans les territoires israéliens et palestiniens».
À cela, Ai Weiwei, fervent défenseur de la liberté d’expression, a exprimé sa déception : “Si la liberté d’expression est limitée au même type d’opinions, elle devient un emprisonnement pour l’expression. La liberté d’expression concerne des voix différentes, des voix différentes des nôtres. Pour faire simple, nous n’avons jamais vécu dans une société où la liberté d’expression est assurée, mais plutôt dans une société où la parole n’est pas valorisée ; le discours d’un individu n’est pas jugé important ou acceptable par les contrôleurs de la parole.” L’activiste a rajouté que ces décisions avaient été prises “pour éviter de nouveaux différends et pour [son] propre bien-être”, et qu’un simple tweet ne suffisait évidemment pas pour préciser toute la complexité de sa pensée sur l’État d’Israël et la Palestine. “J’ai tenté d’être objectif et neutre sans jugement moral, accusations ou évaluation des actions humaines.”
La Lisson Gallery a par la suite pris la décision d’annuler une autre exposition d’Ai Weiwei, cette fois-ci à New York, qui devait débuter le 5 mars 2024. Et comme un effet domino, The Art Newspaper révèle que deux autres expositions à Paris et Berlin (qui devaient ouvrir respectivement ce mois-ci et en juin 2024) ont été annulées, par une autre galerie, la Galerie Max Hetzler. L’annulation de ces expositions et ces censures sont déplorables, certes, mais il ne faut pas oublier que le plus important est de garder les yeux rivés sur le génocide en cours commis par l’armée israélienne à Gaza et en Cisjordanie.