Le poète palestinien Refaat Alareer, un des chefs de file d’une jeune génération d’auteurs de Gaza ayant fait le pari d’écrire en anglais pour raconter leur histoire, a été tué dans une frappe israélienne, ont annoncé ses proches dans la nuit de jeudi à vendredi.
« L’assassinat de Refaat est tragique, douloureux et scandaleux. C’est une perte immense », a commenté sur X son ami Ahmed Alnaouq après des raids mortels jeudi soir dans le nord de la bande de Gaza, selon le ministère de la santé, administré par le Hamas.
« Mon cœur est brisé, mon ami et mon collègue Refaat Alareer a été tué avec sa famille il y a quelques minutes (…) Je n’arrive pas à y croire. Nous aimions cueillir des fraises ensemble », a écrit sur Facebook son ami, le poète gazaoui Mosab Abu Toha. « Repose en paix Refaat Alareer. Nous continuerons à être guidés par ta sagesse, aujourd’hui et pour l’éternité », a témoigné sur X l’auteur et journaliste Ramzy Baroud. Le site spécialisé américain Literary Hub lui a également rendu hommage.
Professeur de littérature anglaise à l’université islamique de Gaza, où il enseignait notamment Shakespeare, Refaat Alareer était l’un des cofondateurs du projet « We are not numbers » (« Nous ne sommes pas des chiffres »), jumelant des auteurs de Gaza à des « mentors » à l’étranger qui les aident à écrire des récits en anglais sur leur réalité. Il avait édité le livre Gaza writes back, des chroniques de la vie à Gaza par des jeunes auteurs palestiniens, et publié Gaza unsilenced, non traduits en français.
Quelques jours après le début de l’offensive terrestre israélienne, Refaat Alareer avait dit refuser de quitter le nord de la bande de Gaza, épicentre alors des combats. A la fin du mois de novembre, lorsqu’une trêve entre Israël et le Hamas avait permis aux Gazaouis de circuler dans les rues de la ville, Refaat Alareer avait décrit un décor ravagé. « Je me suis promené dans la ville de Gaza peu après le début de la trêve. La destruction est totale. Maisons, bâtiments, mosquées, jardins publics, écoles, conduites d’eau, poteaux électriques. »
Le 1er novembre, il avait publié sur X un poème devenu viral intitulé If I must die (Si je devais mourir) qui se conclut par ces mots : « Que cela apporte de l’espoir, que cela soit un conte ».