Rien qu’à l’entendre, le terme « Hezbollah » a une résonance épique pour chaque tunisien et probablement au delà, qui soutient la Palestine. Et pour cause, elle est la seule armée arabe, libanaise plus précisément, a avoir battue Israël. De quoi même convaincre le plus fervent sunnite, de la puissance de cette force militaire, alliée de l’Iran chiite et l’étant elle-même également.
Mais que savons-nous de cette armée si populaire au Moyen-Orient?
Pas grand chose, ou du moins rien d' »officiel », le culte du secret étant un paramètre essentiel de son fonctionnement, au même titre que son allié et « disciple », le Hamas.
Un nombre très restreint de personnes connaissent ses capacités réelles en matière d’effectifs et d’armement. Il y a bien entendu le secrétaire général Hassan Nasrallah et quelques-uns des sept membres du « Conseil de la choura », la plus haute instance dirigeante.
Les passerelles entre l’appareil militaire, dirigé par le « Conseil du jihad » (dont le chef siège de facto au Conseil de la choura), et les institutions politiques sont limitées, ce qui permet d’instaurer une séparation quasi hermétique entre les deux niveaux et, par conséquent, de mieux protéger le secret.
Le Hezbollah communique rarement sur les questions militaires. Généralement, il ne dévoile une arme qu’après l’avoir utilisée sur le champ de bataille, comme ce fut le cas pour le missile guidé antichar russe Kornet (dans ses différentes versions), avec lequel il a détruit une cinquantaine de tanks israéliens Merkava, en 2006. Ou encore, la version iranienne Kowsar du missile antinavire chinois C 701, avec lequel il a endommagé, le 14 juillet 2006, la corvette israélienne Hanit de la classe Saar 5, alors qu’elle croisait à 20 km au large de Beyrouth. Quatre marins avaient été tués dans cette attaque.
Cent mille hommes entraînés au combat
La seule indication « officielle » sur les effectifs du Hezbollah a été donnée en novembre 2021 par Hassan Nasrallah, qui a affirmé que son parti pouvait mobiliser jusqu’à 100 000 combattants. Si de nombreux experts jugent ce chiffre excessif, d’autres spécialistes, qui connaissent bien le Hezbollah, l’estiment réaliste s’il comprend tous les hommes ayant suivi un entraînement militaire et susceptibles d’être mobilisés.
Le Hezbollah dispose de 40 000 combattants expérimentés ayant participé à la guerre en Syrie, dont 4 000 à 7 000 membres de la force d’élite al-Radwan, aujourd’hui déployée dans le sud du Liban. Il peut aussi mobiliser jusqu’à 60 000 hommes, sachant que les scouts al-Mahdi, où sont prodigués des rudiments de formation militaire, comptent plus de 70 000 membres.
Au niveau de l’armement, les sources diverses affirment que le parti chiite libanais dispose de 150 000 missiles de divers calibres. Les Israéliens pensent que 70% de cet arsenal est composé de roquettes d’une portée inférieure à 15 kilomètres.
Hassan Nasrallah a confirmé les informations sur la possession par son parti de missiles de haute précision « capables d’atteindre n’importe quel point » en Israël.
Une grande partie des roquettes sont des Katioucha et des Grad de divers calibres (107 mm, 122 mm, 303 mm) et d’une portée pouvant atteindre 40 km.
Les arsenaux du Hezbollah comportent également des milliers de missiles Fajr 3 et Fajr 5 capables de frapper des cibles situées respectivement à 45 et 75 km. Le missile Raad, utilisé en 2006, peut atteindre des cibles éloignées de 60 à 70 km.
Ces dix dernières années, le Hezbollah a incorporé à ses unités les Zelzal (1,2 et 3) qui sont une version iranienne améliorée des Frog-7 soviétiques avec une portée allant de 125 à 200 km et des têtes explosives pouvant peser 600 kg.
Le développement qualitatif a été l’acquisition ces dernières années de missiles guidés Fateh-110 de la 4e et 5e générations, d’une portée de 250 et 300 km et d’une précision de 10 et 5 mètres.
En plus du missile sol-mer chinois C 701, le Hezbollah dispose de C 801 et C 802. Une vidéo mise en ligne par le Hezbollah en juin dernier montre des missiles sol-mer, frappés de l’emblème du parti, dans un endroit non identifié.
Le 17 novembre dernier, le site américain Essanews a confirmé que le parti chiite possédait des missiles antinavires russes supersoniques de type P-800 Oniks connus sous le nom de Yakhont. Une arme qui constitue une menace pour la flotte américaine déployée en Méditerranée orientale dès le début de la guerre de Gaza pour dissuader l’Iran et ses alliés de prêter main forte au Hamas.
Les unités d’infanterie sont équipées de missiles multifonctions Kornet, Fagot 9M111 (120 mm, portée 2 km), Konkours 9M113 (antichar filoguidés), RPG-7, RPG-29 (Tandem).
La défense antiaérienne est dotée d’une large panoplie de missiles Sam portatifs ou tirés à partir de rampes mobiles et de canons de 23 mm.
Un adversaire redoutable
Des sources concordantes estiment, que le parti posséderait une flotte de plusieurs milliers de drones de reconnaissance et d’attaque, rapporte RFI. Il aurait aménagé des pistes dans la chaîne de l’Anti-Liban pour le lancement des appareils ayant un long rayon d’action.
Au-delà des effectifs et de l’armement, le Hezbollah a développé une doctrine militaire singulière, bâtie sur une expérience de quarante ans, dont plus de dix ans passés à combattre en Syrie en zones urbaines, dans des régions montagneuses et dans le désert.
C’est aujourd’hui une force hybride qui allie les tactiques de guérilla et de guerre classique et qui maîtrise les techniques de la guerre insurrectionnelle et la technologie moderne dernier cri (drones, guerre électronique…).
Les compétences polyvalentes acquises lors de ses multiples confrontations avec Israël et améliorées sur le champ de bataille syrien (où il a perdu plus de 2 000 hommes) ont fait du Hezbollah en même temps un mouvement de guérilla et une armée classique.
Autant d’atouts qui font de lui un ennemi coriace pour Israël.