Sans toit… ni lois. Pour de nombreux Argentins, le premier impact concret d’un mois de « dérégulation » sous la présidence ultralibérale de Javier Milei est l’aggravation du fléau inflationniste, conduisant à des loyers « libérés » toujours plus inaccessibles et une traque inlassable d’aliments à prix abordable.
Le « méga-décret » d’urgence publié en décembre par le gouvernement Milei, abroge, entre autres, une loi sur les loyers de 2020, amendée en 2023. Désormais, les baux ne sont régis par rien d’autre qu’un accord « libre » entre les parties: durée du bail, mécanisme de hausse, moyen de paiement, etc. Un contrat pourra s’honorer en bitcoin, « et toute autre cryptomonnaie et/ou espèces, comme des kilos de bœuf, ou des litres de lait », a même imagé fin décembre la ministre des Affaires étrangères et du Commerce extérieur Diana Mondino sur son compte X. Un message qui lui a valu de nombreuses railleries sur un retour « féodal » au « temps du troc ».
Mais le bœuf et le lait, justement, posent problème. Comme les fruits, les légumes et tout le reste. Une dévaluation, explique l’économiste Hernan Letcher, se répercute d’abord sur le prix des importations. Mais qu’un secteur utilise ou non des biens importés, chacun augmente « pour ne pas rester à la traîne. Donc une dévaluation en Argentine a un effet direct sur les prix. Les salaires ont tendance à être mis à jour en dernier… »
« On reçoit des gens désespérés, qui nous disent qu’ils ne savent pas où ils vont habiter le lendemain », assure Gervasio Muñoz, président de l’organisation Inquilinos Agrupados (Locataires rassemblés), en première ligne d’une situation selon lui « gravissime », d’une détresse immobilière vouée à empirer.