Le différend concernant la région de Ain Sekhouna, au Sud tunisien, n’est pas récent. Il a même fait l’objet, en 2011/12/13 de réunions entre les gouvernorats de Kebili et Médenine, quand à l’appartenance effective de cette zone, suivant territorialement le gouvernorat de Kebili. Mais, elle est à 45 kilomètres de Béni Khedech et 75 kilimètres de Douz.
Les habitants de Béni Khedech considèrent que c’est un territoire qui leur revient de Droit. « Nous allons nous battre pour protéger nos biens », dit un habitant, se prenant pour un leader de Béni Khedech sur une vidéo récente d’une réunion populaire. C’était pour cela qu’il y a eu des affrontements. Ils veulent défendre leurs Droits.
Toutefois, remarque le sociologue Esseghaier Amira, la principale question ne concerne pas les violences, en elles-mêmes, mais, plutôt, le choix des habitants de Béni Khedech de résoudre seuls ce contentieux. Autrefois, ils portent plainte aux autorités, ajoute-t-il. Ce n’est plus le cas, conclut-il, en rappelant que le litige a été délaissé par les deux gouvernorats, en 2014, au lieu de lui trouver une solution.
Esseghaier Amira rappelle qu’en 2007/2008, un permis d’exploration de pétrole a été accordé. Mais, les fouilles ont plutôt abouti à une nappe d’eau chaude, riche en sels minéraux. D’où l’appellation ‘Ain Sekhouna ou Source chaude’. Depuis, cette source a été exploitée partiellement par des habitants de Béni Khedech, en y installant une infrastructure très sommaire, se limitant à un modeste café-restaurant.
D’ailleurs, à la veille de ces incidents des 11, 12 et 13 Décembre, les notables des deux régions avaient prévu de se rencontrer afin de trouver une solution à l’amiable, voire de demander l’arbitrage des juridictions officielles, comme l’a déclaré Cheikh Mohamed, de Douz, sur la radio Chems Fm. Mais, les esprits s’étaient vite chauffés et les incidents ont eu lieu, en usant d’armes de chasse, haches, couteaux et bâtons.
Le porte-parole de la Garde nationale, Houssemeddine Jebabli, a précisé que les forces de la sécurité intérieure étaient sur place, dès les premiers mouvements des habitants des deux localités. Les forces de sécurité ont essayé de faire barrage entre les deux camps. Mais, le terrain étant nu sur des kilomètes à la ronde, les habitants ont contourné les forces de l’ordre pour s’affronter.
Et à Seghaier Amira de poursuivre que « c’est la faiblesse des structures de l’Etat qui pousse les citoyens à chercher à résoudre seuls leurs contentieux ». En d’autres circonstances, conclut-il, « nul n’oserait lever une quelconque arme contre autrui. Il craint d’être puni par la loi. Et c’est ce risque de sanction juridique qui est absent en ce moment ».