Sacrée humanité ! Dès qu’une nouveauté pointe le bout du nez, elle l’agrippe et la met en relation avec ce qui est déjà défini, catalogué et banalisé en vue d’une exploitation à des fins commerciales et autres. La pandémie de la covid, qui a désarçonné les scientifiques par la multitude des inconnues qui entourent le virus en question, a par la suite offert aux uns et aux autres la possibilité de prendre leur revanche lorsque les vaccins ont obtenu leur AMM (autorisation de mise sur le marché). Au bout de quelques mois seulement, les antidotes ont été classés par catégories, avec un haut de gamme et un bas de gamme. Ainsi, il y a d’une part des vaccins « Prada » et « Vuitton » et de l’autre des vaccins « Dacia », « Lidl » (allusion à la chaîne allemande de distribution low coast) et « Lada » (par référence à la marque russe de voitures pas chères). Ces classifications n’ont rien de scientifique, mais elles relèvent du désir de tout soumettre à un système d’évaluation qui prétend y voir clair, qui rassure tout en jouant le jeu des firmes pharmaceutiques.
L’exception tunisienne veut que les choses ne fonctionnent pas chez nous de la même manière. Toutes les catégories indiquées ci-dessus ne correspondent à rien de concret dans notre pays. Nous en entendons parler mais elles restent pour nous non palpables.
Toutefois, nous ne sommes pas en reste avec les autres. Nous avons nos propres produits. En plus de ceux exhibés par les uns et par les autres comme remèdes purement tunisiens, deux sortes de vaccin circulent actuellement dans nos villes. La première relève de la catégorie P (problématique, polémique). On peut y ranger toutes les doses qu’on dit avoir été administrées à des personnes privilégiées. La seconde arbore fièrement la lettre Z (pas celle de la deuxième composante du nom du vaccin anglais). Elle est disponible partout et contribue efficacement à la réduction du nombre de contaminations : c’est le vaccin Zéro !