Le candidat islamiste à la présidentielle de samedi en Algérie a contesté lundi le taux de participation et le pourcentage de voix en sa faveur, annoncés par l’autorité électorale Anie, dénonçant une « fraude » et une « mascarade ».
Devant la presse à Alger, Abdelaali Hassani a cependant reconnu la victoire du président sortant Abdelmadjid Tebboune (avec un taux record de près de 95%), disant « avoir perdu une bataille mais pas la guerre ».
Le président du MSP (Mouvement de la société pour la paix), principal parti islamiste, était l’un des deux candidats en lice face à M. Tebboune avec Youcef Aouchiche, le chef du Front des forces socialistes (FFS, plus vieux parti d’opposition).
M. Hassani a dénoncé une « fraude » avec de « faux chiffres » sur la participation samedi après-midi, demandant à ce que cesse « la mascarade ». Pour la participation à 17h00 (16H00 GMT) samedi, l’Anie avait annoncé « un taux moyen » d’environ 26%, soit sept points de moins qu’à la même heure en 2019.
Peu après, l’autorité prolongeait d’une heure l’ouverture des urnes jusqu’à 20h00 (19H00 GMT). Vers minuit, le président de l’Anie, Mohamed Charfi, a annoncé « un taux moyen de participation de 48,03% », calculé en faisant la moyenne des relevés par la préfecture alors que le taux de participation correspond habituellement au nombre total des votants divisé par le nombre d’inscrits.
M. Hassani a aussi contesté le pourcentage de voix qu’il a obtenu : seulement 3,17%, M. Aouchiche s’adjugeant 2,16% des suffrages, selon l’Anie.
Dimanche, M. Charfi a annoncé une victoire de M. Tebboune avec « 94,65% des voix » et « 5,32 millions de suffrages » sur « 5,63 millions de voix » pour les trois candidats, sans communiquer les bulletins blancs ou nuls ni de nouveaux chiffres sur la participation.
Vers minuit et dans une démarche inédite, les trois candidats, y compris M. Tebboune, ont diffusé un communiqué commun pour dénoncer « des irrégularités et contradictions dans les résultats annoncés par l’Anie ».
Ils ont dit vouloir « informer l’opinion publique du flou et des contradictions des chiffres de participation », mentionnant aussi « une erreur dans l’annonce des pourcentages pour chaque candidat » et des « données contradictoires avec les procès-verbaux de dépouillement des voix » reçus des commissions électorales locales.
Dans la nuit, l’Anie a répondu « qu’elle continuait de recevoir les originaux des procès-verbaux » des préfectures « qu’elle transmettra dès leur réception à la Cour constitutionnelle ».