Les services municipaux en comptent quelques 150 dans le Grand Tunis. Elles sont discrètes mais actives.Elles s’installent dans les intersections des rues les plus fréquentées, les places publiques et au bord des axes routiers à la périphérie des centres urbains. Leur équipement est simple.Primaire,presque:une bassine en aluminium, une table et un réchaud à pétrole.Il faut ensuite du « tabouna»,ce pain rond bien de chez nous,des plateaux d’œufs frais, et de l’harissa ,bien évidemment, cette purée de piments rouges qui vous vous brûle délicieusement la langue mais qui vous booste la mécanique.
On parle là, vous l’auriez compris, de ces sandwicheries ambulantes qui servent le fameux « Casse-croûte Ayari ».
Ayari?
Ce n’est pas là le nom de la célèbre tribu qui peuple depuis la nuit des temps la région montagneuse de Maktar, dans le Gouvernorat de Siliana, au nord-ouest tunisien.
Quel rapport avec le casse-croûte?
Pour Am Houssine installé à la rue commerçante de Jean Jaurès dans la capitale, « il semble que ce soit à un jeune fraîchement arrivé de maktar justement que revient la paternité du fameux casse-croûte.
Un certain Mokhtar qui a émigré en Allemagne »,se souvient-il.Portant ,non sans une manifeste fierté, le même patronyme que son illustre cousin inventeur du célèbre met, Am Houssine ne manque pas d’humour quand il précise que les gens à Maktar ne connaissent pas l’invention la plus populaire aujourd’hui de l’un des leurs: « j’y ai été, personne n’en a entendu parler».
Installé sur la nouvelle route qui lie les Berges du lac au Centre-ville Naceur n’a pas à souffrir du manque des clients. Bien au contraire, il est débordé et pense prendre au plus vite un jeune aide.Pour lui le fait qu’on ait adjoint le patronyme Ayari au fameux sandwich a surtout une valeur symbolique.« Ouled Ayar » représentant dans l’imaginaire populaire les petites gens modestes et dignes qui se contentent d’une nourriture frugale, on a vite fait le lien avec le sandwich qui contient peu d’ingrédients mais qui nourrit son homme.
Naceur a un bac lettres mais il tient une sandwicherie depuis 12 ans et il ne se plaint pas.« Alhmdoullah »,dit-il en embrassant le revers de sa main droite et en jetant un regard vers le ciel.
Maintenant quel casse-croûte Ayari voulez-vous ?
Il y a le basique avec un pain tabouna enduit d’harissa,deux œufs écrasés et un filet d’huile d’olive.Prix:1d500.
Après, on peut monter en qualité et prix. On pourrait y ajouter du thon, de la salade et des œufs. Ça coûte le double, soit 3 dinars.Dans tous les cas c’est bon ,ça cale et ça chauffe par ces temps de froid et d’incertitude.Pour l’hygiène, on passe une autre fois.
Y. Ben Messaoud