Plus de 1 000 morts en quatre jours ! Qui est responsable ? Des insurgés alaouites nostalgiques de Bachar Al Assad ou des factions islamistes du nouveau pouvoir qui se vengent ? « Ce qui se passe dans le pays (…) ce sont des défis qui étaient prévisibles. Nous devons préserver l’unité nationale, la paix civile autant que possible, et, si Dieu le veut, nous serons capables de vivre ensemble dans ce pays autant que possible », a déclaré le président par intérim Ahmad al-Charaa lors d’un discours ce dimanche dans la mosquée du quartier de Damas où il a passé une partie de son enfance.
Si des spécialistes de la Syrie parlent de tentative de contre révolution menée par des loyalistes au président déchu en exil à Moscou, d’autres indiquent que des combattants islamistes du HTC (Hayat Tahrir al-Cham), ont lancé dès mardi des opérations de ratissages dans le quartier alaouite de Lattaquié avant de continuer et de provoquer la riposte d’Alaouites, peut-être menés par Maher Al-Assad, le frère de Bachar, qui s’est approprié une partie des richesses du pays et les défendrait.
Le monde arabe et l’Occident qui misaient sur une nouvelle Syrie orientée vers la démocratie s’interrogent et s’inquiètent. Les Syriennes et Syriens, qui voyaient un renouveau, aussi. Quelle est la réalité de la Syrie d’Al Charaa ? Réalité ou illusion ? Des chrétiens ont également été victimes d’exécutions sommaires…
Son discours est parfait, prometteur, mais Ahmed Al Charaa avance lentement. Depuis trois mois, il prône l’unité nationale et répète qu’il aspire à “ donner un sentiment de sécurité à tout le peuple syrien, dans toute sa diversité ”. Mais, s’il a nommé un comité d’experts pour rédiger une nouvelle constitution, il ne prévoit pas d’élections avant cinq ans. Et il apparaît qu’il ne tient pas ses troupes qui devraient former, ensemble, la nouvelle armée syrienne.
Prudente, la Ligue arabe se contente de condamner toute ingérence extérieure visant à exacerber les tensions et à déstabiliser la Syrie. L’Allemagne, la France et le Pape François demandent de mettre fin aux violences.
La réconciliation pacifique espérée semble s’éloigner. Ahmed Al Charaa joue sa crédibilité et l’on s’interroge : quel est son vrai visage ?