« Un vote a été organisé pour créer le poste de vice-président », a déclaré Rizq Namoura, membre du Conseil central de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), lors d’un entretien à la télévision palestinienne, précisant que le vote avait été « quasi unanime ». Ce vote survient alors que la communauté internationale appelle de longue date à une réforme de l’OLP et que plusieurs pays arabes et occidentaux voudraient que l’Autorité palestinienne joue un rôle dans la gouvernance de la bande de Gaza après la guerre qui y sévit depuis le 7 octobre 2023.
Selon l’agence officielle palestinienne Wafa, 170 membres du Conseil central de l’OLP, sur 188, ont voté en faveur de cette proposition lors d’une convention qui se tient depuis mercredi à Ramallah, en Cisjordanie occupée. Selon un analyste palestinien, l’initiative vise à désigner un successeur à Mahmoud Abbas, âgé de 89 ans. « Ce poste a été créé (…) pour préparer la succession d’Abbas », a expliqué à l’AFP Aref Jaffal, directeur du centre Al-Marsad pour le suivi électoral. « Le système politique palestinien est déjà dans un état lamentable, donc je pense que tous ces arrangements sont un prélude à la désignation d’un successeur à Abbas », a-t-il dit.
Depuis 2004, Mahmoud Abbas préside l’OLP, fondée en 1964 et considérée par la communauté internationale comme un représentant légitime sur les questions politiques palestiniennes. Début 2005, quelques mois après la mort de Yasser Arafat, le dirigeant historique des Palestiniens, Mahmoud Abbas prend aussi la présidence de l’Autorité palestinienne, qui exerce un contrôle relatif sur une partie des Territoires palestiniens. Élu pour quatre ans, il ne l’a toutefois pas quittée, aucune élection n’ayant été organisée depuis.
Les bailleurs de fonds internationaux de l’Autorité palestinienne réclament de longue date des réformes au sein de celle-ci et de l’OLP. En l’absence de Mahmoud Abbas, le futur vice-président de l’OLP sera probablement appelé à devenir le chef par intérim de l’organisation ainsi que de l’État de Palestine, reconnu par près de 150 pays.
Le Hamas rejette le projet, comme d’autres factions palestiniennes
L’OLP rassemble la majorité des mouvements politiques palestiniens, mais pas le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, ni son allié, le Jihad islamique. « La réunion du Conseil central (de l’OLP) approfondit la division, renforce l’unilatéralisme et déçoit les espoirs de notre peuple en matière d’unité », a réagi jeudi le Hamas. « Nous rejetons le maintien de cette ligne unilatérale », a-t-il ajouté.
Plusieurs factions palestiniennes ont quitté la convention avant le scrutin, en désaccord avec le projet de réforme porté par Mahmoued Abbas. Cette convention « a été organisée en réponse à des pressions occidentales, en particulier américaines », a dénoncé Ramzi Rabah, un responsable du Front démocratique de la libération de la Palestine (FDLP), formation marxiste qui s’en est retirée. Selon lui, en insistant sur le besoin de « réformes », des pays étrangers cherchent à gommer le discours nationaliste palestinien. « Introduire des changements structurels dans le système politique palestinien vise à permettre aux États-Unis d’exercer une influence » dans les affaires palestiniennes, a-t-il dit.
Autre formation marxiste, le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) a également quitté la convention, jugeant les projets de réforme prématurés et sans concertation. L’Initiative nationale palestinienne, une formation progressiste, a aussi quitté la table, évoquant dans un communiqué des « pressions extérieures ».
L’Autorité palestinienne est aujourd’hui au bord de la faillite. Depuis l’attaque du 7 octobre 2023 perpétrée en Israël par le mouvement islamiste palestinien Hamas, son rival, plusieurs bailleurs conditionnent plus fermement leur aide à la conduite de réformes politiques et institutionnelles. Mercredi, Mahmoud Abbas a expliqué que la création d’un poste de vice-président permettrait de renforcer les institutions palestiniennes, arguant que cela aiderait à une plus large reconnaissance de l’État palestinien. Certains observateurs y voient un stratagème visant à donner l’illusion d’une moindre concentration des pouvoirs à la tête de l’OLP, une autre demande de la communauté internationale, sans réels effets puisque cette position sera sans doute purement protocolaire.