Coup de tonnerre dans la campagne des législatives allemandes : l’ex-chancelière Merkel est sortie de sa réserve habituelle jeudi pour fustiger son propre parti conservateur, après une alliance inédite depuis 1945 avec l’extrême droite lors d’un vote au parlement. Ce rapprochement rebat les cartes politiques avant le scrutin du 23 février et suscite une vive controverse dans un pays où les partis traditionnels jusqu’ici refusaient toute coopération avec l’extrême droite.
Rappelant au président des démocrates-chrétiens (CDU), Friedrich Merz, favori des sondages pour devenir le prochain chancelier, qu’il avait lui-même proposé un pacte pour éviter de former des majorités avec le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), Angela Merkel a qualifié d' »erreur » sa décision de revenir sur cette promesse.
L’ex-chancelière conservatrice, qui a dirigé pendant 16 ans l’Allemagne (2005 à 2021) en remportant quatre législatives de suite, a estimé dans un communiqué qu’il était « erroné » de « permettre, les yeux fermés, une majorité avec les voix de l’AfD pour la première fois lors d’un vote au Bundestag allemand ». Elle a appelé à la place à une collaboration de « tous les partis démocratiques, au-delà des frontières politiques (…), sans manoeuvres tacticiennes, mais de manière honnête sur le fond, modérée dans le ton et sur la base du droit européen en vigueur ».
Le vote de mercredi au Bundestag a en effet brisé un tabou dans une Allemagne qui, du fait de son passé nazi, semblait jusqu’ici moins sensible aux sirènes de l’extrême droite que d’autres pays européens, l’Italie et les Pays-Bas notamment, ou encore l’Autriche voisine. Les conservateurs et l’AfD, créditée de la deuxième place (à 20%) dans les sondages en vue des législatives, ont allié leurs voix pour adopter de justesse une motion non contraignante mais à haute valeur symbolique visant à durcir la politique migratoire.