Un colloque scientifique sur « Ibn Khaldoun et la dimension universelle de la Muqaddima » a été organisé, samedi, à Dar Lasram, dans la Medina de Tunis, par le Comité de soutien pour l’inscription de la Muqaddima dans le registre de « La Mémoire du Monde ».
Des universitaires et des chercheurs tunisiens et étrangers, notamment des membres du Comité présidé par l’historien Abdelhamid Largueche, ont pris part au colloque. Ils ont à l’unanimité souligné l’importance de l’œuvre de Ibn Khaldoun tout en le qualifiant du père de la sociologie, en témoigne l’impact universel de « La Muqaddima ».
Largueche a souligné qu’il s’agit de « la première activité scientifique du Comité depuis sa création et ses premières démarches auprès de l’UNESCO. » L’historien a annoncé que les interventions émanant ce colloque seront compilées dans un livre qui sera soumis à l’Unesco. Le contenu du dossier de candidature « dépend notamment des manuscrits d’Ibn Khaldoun qui logent dans de nombreuses bibliothèques à travers le monde », a-t-il dit.
Selon ce chercheur, La Muqaddima est une œuvre universelle « car elle était à l’origine de l’émergence d’une nouvelle science celle de la Sociologie humaine et que nous utilisons aujourd’hui pour comprendre le monde ».
Pour sa part, Ghazi Gharairi, ancien ambassadeur de Tunisie auprès de l’UNESCO, a évoqué les conditions de nomination des dossiers au Registre mémoire du Monde et le contenu du dossier à présenter à l’Unesco.
La Muqaddima est un héritage universel qui mériterait d’être inscrit sur la liste du Registre de la Mémoire du monde a estimé le diplomate, tout en rappelant l’inscription, en 2017, de l’expérience tunisienne de l’abolition de l’esclavage de 1841 à 1846″ au registre « Mémoire du monde» de l’Unesco.
Le Français Gabriel Martinez-Gros, professeur émérite d’histoire de l’Islam médiéval à l’université de Nanterre, a parlé de l’œuvre d’un érudit habité par les questions de son époque. La Muqaddima est un héritage universel car elle est la première étude anthropologique analytique du comportement humain et englobe de larges dimensions de la vie humaine tant sur le plan social que politique et culturel, a estimé ce spécialiste de la civilisation andalouse et auteur de plusieurs ouvrages sur Ibn Khaldoun.
L’objectif de ce colloque était d’approfondir notre connaissance de l’œuvre multidimensionnelle, enseignée et traduite dans plusieurs langues, de cet érudit et scientifique tunisien et largement connue chez les élites de son époque et celles de nos jours.
Le comité a également organisé une exposition documentaire dédiée à la vie et l’œuvre d’Ibn Khaldoun qui s’intitule « Al Muqaddima d’Ibn Khaldun, une œuvre universelle ». Le vernissage a lieu samedi soir, au Musée de la ville de Tunis, Palais Kheireddine.
Un appel a été récemment lancé par le collectif qui « propose l’inscription conjointe de la Muqaddima sur le registre de la ‘Mémoire du Monde’ par tous les partenaires du Monde qui conservent ses manuscrits, qui les ont traduites, diffusées ou simplement valorisées par un travail critique ou analytique comme patrimoine en partage pour toute l’humanité ».
Ibn Khaldoun (27 mai 1332-17 mars 1406), de son nom complet Abderrahman Ibn Khaldoun al-Hadrami, est un philosophe, historien, économiste et sociologue arabe natif de Tunis, à l’époque des Hafsides. Son œuvre colossale est une référence en matière de philosophie, d’histoire et de littérature.
« La Muqaddima » ou les « Prolégomènes à l’Histoire Universelle » est l’un des ouvrages les plus importants d’Ibn Khaldoun, considéré comme étant le précurseur de la sociologie. Elle écrite en 1377 sur quatre ans au cours de ses multiples voyages entre la Tunisie, l’Algérie, le Maroc et l’Egypte et plusieurs copies ont été offertes aux émirs de ces pays.