En décembre dernier, l’institut Giacobbe Consultores testait les candidats potentiels à la présidentielle qui connaît son second tour ce dimanche. Seul non politique, Lionel Messi arrivait largement en tête avec 44% des suffrages, les autres ne dépassaient pas les 17%. Mais ce sont deux de ces battus qui se retrouvent aujourd’hui face à face, Sergio Massa et Javier Milei.
Mathématiquement, Milei qui s’est allié à la troisième du premier tour, Patricia Bullrich, devrait gagner : ils ont obtenu quelque 54% des suffrages contre 36,3% au vainqueur de ce premier tour. Si la dynamique électorale joue en faveur de Massa, si le score de Milei a déçu le 22 octobre, les jeux sont loin d’être faits. Les sondages fluctuent, les derniers laissent entrevoir une courte victoire du candidat à la tronçonneuse, les avant-derniers plaçaient en tête le ministre des Finances.
Si c’était possible, les Argentins ne voteraient pour aucun des deux prétendants qu’ils ont pourtant choisi pour briguer la présidence. Ils vont se prononcer pour l’un, non parce qu’ils l’apprécient, mais parce qu’ils détestent davantage l’autre.
Sergio Massa, en tant que ministre des Finances, est l’homme qui a laissé filer l’inflation, encore en hausse d’un point, à 143%, depuis un mois. Il est donc responsable de la situation catastrophique de l’économie, de la pauvreté qui monte sans cesse. Alors pour convaincre des électeurs, il vient de promettre des aides pour les plus pauvres, les retraités et les chômeurs, des allégements fiscaux pour les entreprises. Et il joue sur la peur du « saut dans l’inconnu » que signifierait l’élection de son concurrent. « Je suis », dit-il, « le candidat de la tranquillité, le sauveur ».
Javier Milei compte sur la colère des Argentins, sur les jeunes qui n’ont connu que la crise. Dégagiste, il veut tout casser avant de reconstruire. D’où sa tronçonneuse. Il va couper dans les dépenses, les aides, les subventions, remplacer le peso par le dollar… Il séduit certains, il inquiète d’autres. Avant de glisser leur bulletin dans l’urne, les électeurs se poseront la question : avec lequel risque-t-on le moins ? Ils savent que demain, leur pays sera toujours en crise avec une énorme dette de 44 milliards de dollars à rembourser à la Banque mondiale, des investisseurs à attirer. Massa ou Milei, ce sera encore le système D au pouvoir…