Début mai, alors que le procureur de la CPI se préoccupait des violences commises par Tsahal à Gaza, les autorités des États-Unis et d’Israël qualifiaient les actions potentielles du Procureur de « sans foi ni loi », de « honteuses » et tout mandat éventuel d’« agression scandaleuse » et d’« abomination ». Cela ne perturbait guère Karim Kahn qui, le 20 mai, réclamait des mandats d’arrêts internationaux contre Benjamin Netanyahou, Yoav Gallant et contre Yahya Sinwar, Ismaïl Haniyeh et Mohammed Deif.
Le Premier ministre israélien et son ministre de la Défense étaient mis en cause pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Les dirigeants du Hamas étaient accusés de crimes de guerre, notamment « l’extermination », « le viol et d’autres formes de violence sexuelle » et « la prise d’otage ».
Tel Aviv ne décolérait pas et formulait des recours sur la compétence de la Cour pour empêcher la délivrance de mandats. En vain. Les juges ont accédé ce jeudi à la demande de Karim Kahn. Les preuves qu’il a présentées ont été jugées suffisantes par une majorité de juges et la chambre préliminaire de la Cour pénale internationale a donc émis les mandats d’arrêt. Sinwar et Haniyeh ayant été tués, seul Mohammed Deif est concerné côté palestinien. Israël affirme qu’il est mort, le Hamas qu’il est vivant.
Israël a beau prétendre que la CPI a « perdu toute légitimité » avec ces mandats « absurdes », on doit se féliciter de cette décision qui fait honneur à la justice en respectant et appliquant le droit international. C’est d’ailleurs l’objectif de cette institution créée en 2002 et reconnue par 124 pays. Pas les Etats-Unis et Israël, ni la Russie.
« Bibi » devrait être arrêté s’il se rend dans un pays signataire, mais la CPI ne dispose de moyens de faire appliquer ses décisions ni de pouvoir de sanctions. Pour importante qu’elle soit, cette émission de mandats d’arrêt est surtout symbolique, montrant que le droit doit s’appliquer à tous. Y compris à l’Etat hébreu.
Netanyahou qui dénonce un « nouveau procès Dreyfus » ne se présentera pas devant la Cour et il n’y aura pas d’audience. Comme Poutine, il sera déclaré « en fuite ». Pas glorieux !