Par Sayda Ben Zineb
TGM Gallery à la Marsa vient d’abriter une belle et édifiante exposition sur les peintres pionniers qui a pris fin début novembre. L’événement de l’exposition est redoublé par l’événement de son catalogue (Editions Simpact, septembre 2023, 112 pages), qui fonctionne comme une archive dont la direction éditoriale est assurée par : Alya Hamza et Rim Nejma Ben Boubaker, la direction artistique par Chedly Haouel et crédit photographique, Firas Ben Khélifa.
Ajoutons à cela, l’apport considérable des collectionneurs privés et le CMAM, (Centre des Musiques Arabes et Méditerranéennes) qui ont bien voulu confier leurs œuvres sur les peintres pionniers, Hédi Khayachi (1882-1948) et Noureddine Khayachi (1918- 1987), Abdelaziz Berrais (1903-1962), Ahmed Osman (1838-1920), Djilani Abdelwaheb dit Abdul (1890-1961), Amara Debbeche (1918- 1977), mais aussi Hatem El Mekki (1918-2003), Aly Ben Salem (1910-2001), Léo Nardus (1868-1955) et Rodolphe d’Erlanger(1872-1932).
Commémorer l’événement
La fonction première de ce travail collectif est de commémorer l’événement et d’en laisser une trace durable car fait pour durer dans le temps, dont l’enjeu principal est de mêler les textes relatifs aux biographies et parcours des artistes et les illustrations. Le catalogue se caractérise donc par l’importance des images, le but étant bien sûr d’attirer les curieux par de belles illustrations mais aussi de permettre une restitution de la réalité plus fiable. Le catalogue que nous avons entre les mains aspire même à devenir un beau livre d’art, un précieux livre de référence que nous pourrons collectionner tant sa qualité d’objet est aussi importante, soignée que sa qualité intellectuelle.
Dans l’introduction, un texte court figurant en préambule du catalogue est signé Alya Hamza, journaliste, critique d’art, galeriste et cheville ouvrière de l’événement. « On les appelait les peintres indigènes, écrit-elle. Et c’est par la petite porte qu’ils se sont glissés sur la scène artistique, au temps où la peinture coloniale tenait le haut du pavé. Mais ils ont su prendre place dans un paysage artistique qui ne leur était pas acquis, et ancrés dans leur tunisianité, instiller peu à peu un autre regard. On les a vus apparaitre dans les salons de l’époque, sans tambours ni trompettes avec une détermination calme et tranquille. Bien sûr, ils se sont pliés aux codes et aux règles de l’esthétique de ce temps, ont fourbi leurs armes dans les écoles officielles, se sont formés auprès de maitres reconnus. Et puis ont entrepris la mission qu’ils s’étaient implicitement donnée, sans se consulter, sans se fédérer, pionniers balisant les routes pour une nouvelle génération… »
Portraits croisés TGM Gallery nous invitera ce jeudi 16 novembre à un vernissage autour du thème « Portraits croisés » où seront exposées, les œuvres des anciens, (AmmarFarhat, Nardus, Yahia Turki, Jellal Ben Abdallah, Moses Levy, Hatem El Mekki), et celles des artistes contemporains, (Feryel Lakhdar, Majed Zalila, Alia Derouiche Chérif, Adel Akremy, Gérald Di Giovanni, Mourad Salem et Michel Giliberti). Une nouvelle exposition qui permettra de pouvoir fédérer, partager et dialoguer.