Passé l’effet de sidération provoqué par les déclarations du président américain, Donald Trump, mardi soir lors de sa conférence de presse avec le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu qu’il recevait à la Maison Blanche, les déclarations pleuvent et vont aussi bien de l’indignation à l’approbation.
« Rejet absolu » du côté saoudien
Dans un communiqué publié dans la nuit sur X, le ministère des affaires étrangères saoudien a répondu aux déclarations de Donald Trump. Plus tôt, mardi, avant son entretien en tête à tête avec Netanyahu, Trump avait affirmé que Riyad ne réclamait plus la création d’un Etat palestinien comme une condition sine qua non pour la normalisation des relations avec Israël.
Dans sa réponse publiée dans la nuit, l’Arabie saoudite a démenti les propos de M. Trump, écrivant : « Le ministère des affaires étrangères affirme que la position du royaume d’Arabie saoudite sur la création d’un Etat palestinien est une position ferme et inébranlable. »
« Le royaume d’Arabie saoudite répète également sa déclaration antérieure de rejet absolu de toute atteinte aux droits légitimes du peuple palestinien, que ce soit par le biais de politiques de colonisation israéliennes, de l’annexion de terres palestiniennes ou de tentatives de déplacer le peuple palestinien de ses terres, peut-on lire dans le communiqué de cette nuit. Le royaume affirme que cette position ferme n’est pas sujette à négociation ou à surenchère, et qu’une paix durable et juste ne peut être obtenue sans que le peuple palestinien obtienne les droits légitimes auxquels il prétend, conformément aux résolutions internationales. Cela a été expliqué précédemment à l’administration américaine précédente et à l’administration actuelle. »
Ferme rejet côté Autorité palestinienne
Le président palestinien Mahmoud Abbas a immédiatement rejeté « fermement » le projet d’occupation de la bande de Gaza par les États-Unis ainsi que les appels répétés de Donald Trump à un transfert forcé des Palestiniens. Un communiqué officiel a précisé, « Le président Mahmoud Abbas et la direction palestinienne rejettent fermement les appels à s’emparer de la bande de Gaza et à déplacer les Palestiniens hors de leur patrie ». Le communiqué ajoute : « En réponse aux appels américains au déplacement des Palestiniens de Gaza, nous ne permettrons pas que soient bafoués les droits de notre peuple. »
Pour Mahmoud Abbas, ces propositions constituent « une violation grave du droit international ». Il souligne également que « la paix et la stabilité ne seront pas réalisées dans la région sans la création d’un État palestinien (…) sur la base de la solution à deux États ». Selon lui, « la bande de Gaza fait partie intégrante de la terre de l’État de Palestine, aux côtés de la Cisjordanie et Jérusalem-Est ».
Une position « raciste » pour le Hamas
De son côté, le Hamas a vivement réagi en accusant Donald Trump de « jeter de l’huile sur le feu » avec son idée d’occupation militaire de Gaza par les États-Unis et de transfert forcé des Palestiniens vivant sur le territoire. « Nous (…) condamnons dans les termes les plus forts les déclarations (Donald) Trump en vue d’une occupation américaine de la bande de Gaza et du déplacement de notre peuple », indique un communiqué du mouvement islamiste palestinien. Le Hamas souligne que ces déclarations « violentes » ne « contribueront pas à la stabilité de la région mais ne font que jeter de l’huile sur le feu ».
Sami Abu Zuhri, un autre dirigeant du Hamas, a également dénoncé les déclarations de Trump concernant le déplacement des Palestiniens, les qualifiant de « recette pour créer le chaos » au Proche-Orient. De son côté, l’ambassadeur palestinien à l’ONU, Riyad Mansour, a appelé les dirigeants mondiaux à « respecter les souhaits du peuple palestinien » et son droit de vivre à Gaza. Enfin, l’OLP a fermement rejeté « tous les plans visant à déplacer les Palestiniens hors de leur patrie ».
Plus tôt, Abdel Latif al-Qanou, porte-parole du Hamas, avait qualifié les propos de M. Trump de « position raciste » alignée « avec celle de l’extrême droite israélienne ».
Opposition clair de l’Égypte, de la Jordanie et des Émirats
« J’ai le sentiment que le roi de Jordanie et le général d’Égypte vont ouvrir leur cœur et nous donnerons la terre dont nous avons besoin pour faire ça pour que les gens vivent en paix », a déclaré le président américain mardi soir.
Cependant, au Caire, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a insisté sur l’importance de renforcer politiquement et économiquement l’Autorité palestinienne à Gaza. Lors d’une réunion avec le Premier ministre palestinien, Mohammed Mustafa, il a précisé que l’Égypte était impatiente de voir l’Autorité palestinienne « assumer ses responsabilités dans la bande de Gaza en tant que partie des territoires palestiniens occupés ».
Le roi de Jordanie, Abdallah II, a, de son côté, catégoriquement refusé « toute tentative » de prise de contrôle des territoires palestiniens et de déplacement de leurs habitants. Lors d’une réunion avec Mahmoud Abbas, il a insisté sur « la nécessité d’arrêter les activités de colonisation et de rejeter toute tentative d’annexion de terres et de déplacement des Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie. »
Les Émirats arabes unis ont rejeté toute tentative de déplacement des Palestiniens de la bande de Gaza. Le ministère des Affaires étrangères a souligné dans un communiqué « son rejet catégorique de toute atteinte aux droits inaliénables des Palestiniens et de toute tentative de déplacement ».
La Turquie juge « inacceptable » le projet de Donald Trump pour Gaza
« La déclaration de Trump sur Gaza est inacceptable », a déclaré, mercredi, le ministre des affaires étrangères turc, Hakan Fidan, lors d’un entretien à l’agence de presse turque Anadolu. « Expulser [les Palestiniens] de Gaza est une question que ni nous ni les pays de la région ne pouvons accepter. Il n’est même pas question d’en discuter », a-t-il insisté.
La Chine s’oppose au déplacement « forcé » des Gazaouis proposé par Donald Trump
Pékin a réagi, mercredi, après l’annonce du président Donald Trump concernant une prise de contrôle américaine de l’enclave palestinienne. « La Chine a toujours soutenu le fait qu’une gouvernance palestinienne sur les Palestiniens était le principe de base de la gouvernance d’après-guerre de Gaza et nous sommes opposés au transfert forcé de ses habitants », a déclaré Lin Jian, le porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois, lors d’une conférence de presse.
L’Allemagne, le Brésil et le Royaume-Uni s’opposent
De son côté, le chef de la diplomatie britannique a souligné que les Palestiniens doivent pouvoir « vivre et prospérer » à Gaza et en Cisjordanie, une position qui va à l’encontre des propositions américaines.
Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva a qualifié d’ « incompréhensible » la proposition de son homologue américain. « Ceux qui doivent veiller sur Gaza, ce sont les Palestiniens, qui ont besoin d’une réparation pour tout ce qui a été détruit afin qu’ils puissent reconstruire leurs maisons, leurs hôpitaux, leurs écoles et vivre dans la dignité et le respect », a affirmé Lula, lors d’une interview avec une radio brésilienne. La proposition est « quasiment incompréhensible », a-t-il soutenu.
La bande de Gaza « appartient aux Palestiniens » et doit « tout comme la Cisjordanie et Jérusalem-Est » faire partie du « futur Etat palestinien », a répondu, mercredi, la ministre des affaires étrangères allemandes aux propos de Donald Trump. « La population civile de Gaza ne doit pas être expulsée et Gaza ne doit pas être occupée de manière durable, ou de nouveau colonisée », a déclaré Annalena Baerbock dans un communiqué.
Rejet en France
Paris a rapidement réagi aux propositions de Donald Trump. Le ministère français des Affaires étrangères a précisé que « l’avenir de Gaza doit s’inscrire non dans la perspective d’un contrôle par un État tiers, mais dans le cadre d’un futur État palestinien, sous l’égide de l’Autorité palestinienne ». Le Quai d’Orsay a également réaffirmé l’opposition de la France à « tout déplacement forcé de la population palestinienne de Gaza ». Lors du Conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, a insisté : « La France rejette fermement le déplacement forcé des populations. Nous nous en tenons à notre position constante : il ne doit y avoir aucun déplacement, mais une recherche d’un cessez-le-feu temporaire en vue d’un processus de paix, et une solution à deux États, israélien et palestinien. »