Pour Madjid, 45 ans, et Sakina, 39 ans, la décision est déjà prise. Cette année, il n’y aura pas de vacances estivales à Béjaïa (à l’est d’Alger). Le couple d’Algériens qui réside avec ses trois enfants à Champigny[-sur-Marne], dans la région parisienne, ne peut pas supporter le coût de cinq billets d’avion cédés au prix fort : pour un aller-retour prévu entre la mi-juillet et la mi-août sur Air Algérie, la compagnie aérienne nationale, le couple et ses enfants auraient dû débourser un peu plus de 3 200 euros.
“Cela représente plus que nos deux salaires mensuels réunis”, s’étrangle Madjid, employé au smic dans une entreprise de manutention, interrogé par Middle East Eye [MEE].
“Nous avons l’habitude de nous priver de beaucoup de choses pour économiser l’argent du voyage. Mais les prix deviennent de plus en plus déraisonnables”, dénonce son épouse, qui travaille à domicile comme assistante maternelle, peinée de ne pas rendre visite à ses proches.
Pour la même période, les tarifs d’Air France, la seconde compagnie qui dessert le territoire algérien, sont tout aussi rédhibitoires. Même Transavia, la filiale low cost du transporteur français, ou encore Tassili Airlines (qui appartient au groupe pétrolier algérien Sonatrach), affichent des tarifs exorbitants pour l’été.
“Sans l’ouverture du trafic aérien à la concurrence, les prix continueront d’être prohibitifs”, prévient, dans un entretien avec MEE, Abdelouahab Yagoubi, député des Algériens à l’étranger à l’Assemblée nationale algérienne, l’APN.
En 2022, le président Abdelmadjid Tebboune a demandé au gouvernement de délivrer des agréments à de nouvelles compagnies. Pour l’instant, le dossier est au point mort.