Sur toutes les chaînes télé les spots publicitaires destinés à la promotion des produits alimentaires se multiplient pendant le mois de ramadan. Ils ponctuent les feuilletons suivis par tous les Tunisiens et cèdent de temps à autre la place à la publicité induite au sein de ces mêmes feuilletons. L’idée selon laquelle le mois du jeûne est paradoxalement le mois de l’incitation à la consommation effrénée, idée ancrée dans nos têtes depuis des années, a trouvé cette année sa meilleure illustration dans le matraquage pratiqué par ces spots. Pour justifier cette façon d’agir, les industriels invoquent la nécessité de vendre pour garantir, par temps de covid, leur survie et éviter la destruction de milliers d’emplois. Les chaînes télé sortent le même argument en ajoutant que c’est le seul moyen de financer des feuilletons et par là-même de divertir les téléspectateurs et de faire travailler les artistes.
En plus du fait que trop de promotion tue la promotion, est-il besoin de rappeler que dans ce domaine certaines règles sont à respecter. La première a trait à ce qui est d’ordre esthétique ? Ne peut agir efficacement que ce qui est beau, bien fait et original. La deuxième règle est celle de la prise en considération des effets pervers, la publicité étant jugée comme par définition mensongère. Alors, comment trouvez-vous ces spots ? Une autre remarque s’impose. La pub en question, faisant appel à des enfants et ayant pour population cible les catégories les plus influençables, nous montre des gosses agressifs qui crient, qui manifestent leur mécontentement par des actes et des propos violents et qui sont présentés comme des êtres qui ont raison. Les exposer comme des personnages sympathiques et comme modèles à suivre a un impact très négatif. Cela est de nature à consolider l’idée de la nécessité de la violence déjà fortement présente dans les jeux vidéo, les films qui passent à la télé et les drifts de toutes sortes