Un jeune tué à l’arme blanche en s’interposant lors d’une bagarre, un homme abattu par la police après avoir poignardé mortellement une personne et blessé une autre -tous de nationalité algérienne- pour une histoire de consommation d’alcool. Deux nouveaux drames après la mort de Chamseddine et le passage à tabac de Samara… En France, les faits divers, de plus en plus nombreux et aux causes multiples, sont en réalité des faits de société.
« Nous serons intraitables contre toute forme de violence » affirme le président Macron qui la voit totalement « désinhibée ». Son Premier ministre, Gabriel Attal, renchérit et réclame un « sursaut » pour un « ordre partout » : « il n’y aura jamais dans notre pays de droit à tabasser, de droit à frapper, de droit de s’en prendre à un garçon parce qu’il aime une jeune fille, de droit de s’en prendre à une jeune fille parce qu’elle n’épouse pas les mêmes convictions, y compris religieuses ».
Est-ce pire qu’avant ? Aucune statistique ne permet de se prononcer et l’on sait qu’à « la belle époque », les « apaches » des faubourgs parisiens tuaient et violaient allégrement. Et les histoires de gangs ont toujours alimenté la chronique.
Pourquoi cette violence qui semble cependant monter à un niveau inégalé et qui fait dire à nombre de français qu’ils ne sont plus en sécurité nulle part ?
Une partie de l’opposition renvoie à la violence de l’Etat qui a lancé ses policiers contre les gilets jaunes, les manifestants de la réforme des retraites ou les écologistes qui osent réclamer davantage de lutte contre le réchauffement climatique.
Le Rassemblement national de Bardella-Le Pen dénonce « la barbarie nationale, fruit d’un cocktail explosif entre une immigration non maîtrisée, des tensions communautaristes et un laxisme judiciaire ». Zemmour et Reconquête se situent sur la même ligne. En France, comme en Belgique et même en Allemagne, l’immigration expliquerait tous les malheurs. Et les chiffres le prouveraient : en 2020, 16% des condamnations concernaient des étrangers et ils représentaient 21,27% des écroués. L’institut Convergences migrations affilié au CNRS tempérait ces chiffres en soulignant que “ l’essentiel des infractions était lié à la régularité du séjour des étrangers en France comme le travail illégal, les infractions douanières ou les faux en écritures”, des infractions au taux d’élucidation élevé, une population plus contrôlée, une sorte de délinquance du « pauvre ».
En avril 2023, le Centre d’études prospectives et d’information internationale (CEPII) assurait que « les immigrés ne sont pas à l’origine d’une augmentation des taux d’infraction dans les pays d’accueil ». En Italie, au Royaume-Uni, on notait également que la délinquance des étrangers était corrélée à un défaut d’accès au travail.
Le mois dernier, le sénat français notait que « l’islamisme radical est en train de se banaliser dans les écoles ». Aujourd’hui, dans certains collèges on ne peut plus enseigner l’histoire et « l’islamo fascisme » installe un climat de terreur dès qu’il le peut. D’où l’assassinat de professeurs, des agressions, des bagarres.
Au moment où le président français réaffirme le besoin de « faire nation », le baromètre de la confiance politique 2024 du Cevipof, centre de recherches politiques de Sciences po, montre que 23% des jeunes Français entre 18 et 24 ans estiment appartenir à la communauté nationale alors que 44% pensent appartenir à une communauté des valeurs (religieuses ou autres) ou de modes de vie.
Les incivilités, les violences ont donc des causes multiples, des origines diverses. On peut les faire remonter à mai 68, à son “interdit d’interdire” qui a engendré le refus de l’autorité ; on peut évoquer la montée du consumérisme qui fait que l’on veut tout tout de suite. Si l’on ajoute refus de respect, refus des différences, on aboutit à une victimisation qui entraîne la violence et plonge dans une société de haine. On frappe au lieu de parler. Le wokisme et son cortège de déconstruction n’arrangent pas les choses…
Passer du constat aux remèdes n’est pas évident. Au fil des années, et en France depuis 1793, les lois de protection de l’enfance se sont multipliées. Faut-il supprimer l’excuse de minorité et envoyer les jeunes en prison, ce que préconisent des politiciens et des avocats ? Faut-il priver les parents de certaines allocations au risque d’aggraver des situations déjà difficiles ? Faut-il réglementer davantage les réseaux sociaux qui ont un effet amplificateur et délétère en raison de l’anonymat.
Faire retomber la violence sera un travail de longue haleine et, bien sûr, tout passe par l’éducation, celle des enfants comme celle de bien des parents. Un but ? Croire ce que l’on veut et laisser les autres en paix…