Dans une tribune publiée par Le Monde, Jean-Louis Guigou, fondateur de l’Institut de prospective économique du monde méditerranéen (Ipemed), plaide pour une communauté euro-méditerranéenne de l’énergie.
Il écrit : « Dès 2010, l’Institut de prospective économique du monde méditerranéen (Ipemed) est arrivé à la conclusion que la France et l’Algérie sont à la Méditerranée ce que la France et l’Allemagne furent à l’Europe. On ne peut rien faire en Méditerranée sans le retour de la confiance entre la France et l’Algérie. »
Il ajoute « Dix ans plus tard, nous n’avons pas avancé. Nous n’avons pas su nouer un partenariat stratégique entre les deux rives de la Méditerranée, fondé sur des coproductions et le partage de la valeur ajoutée. La guerre en Ukraine éclaire aujourd’hui les inconvénients lourds de l’absence d’une stratégie énergétique euro-méditerranéenne. En moins de dix ans, la rive sud de la Méditerranée pourrait compenser, avec les hydrocarbures d’abord puis le solaire, l’énergie que nous achetons à la Russie. En échange, l’Europe s’engagerait à livrer préférentiellement aux pays du nord de l’Afrique, de l’Egypte au Maroc, les céréales et les oléagineux dont ils ont besoin tout en leur apportant un soutien pour reconstruire leur potentiel de production céréalière. Dans cette perspective, l’Algérie, avec son riche potentiel d’énergies fossiles et solaire, sa position géographique de nœud pour un réseau de gazoducs entre l’Egypte, le Nigeria, le Sénégal et la Mauritanie et l’Europe à travers l’Italie et l’Espagne, peut devenir la « pile électrique » de l’Europe. Elle peut aussi ouvrir en profondeur le continent africain aux productions européennes grâce au projet de la route transsaharienne qui reliera les ports méditerranéens au Sahel et à l’Afrique profonde pour déboucher dans le golfe de Guinée…