La Russie a affirmé avoir tué mercredi « plus de 200 militaires ukrainiens » dans une opération de bombardement sur la gare de Tchaplyne, dans le centre de l’Ukraine, Kiev faisant état de son côté de « vingt-cinq morts, dont deux enfants, et trente-deux blessés », selon un bilan fourni ce jeudi par l’opérateur des trains ukrainiens.
Un missile Iskander « a directement touché un train militaire dans la gare de Tchaplyne, dans la région de Dnipropetrovsk, éliminant plus de 200 militaires de la réserve des forces armées ukrainiennes » ainsi que des équipements, a déclaré le ministère russe de la défense dans un communiqué publié sur Telegram. Depuis le début de la guerre, le ministère de la défense russe a toujours nié que l’armée russe s’en prenait aux civils.
« L’UE condamne fermement les frappes russes atroces menées contre des civils » en Ukraine, a averti le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, sur Twitter, ajoutant que les responsables de cette frappe « devront rendre des comptes ».
La centrale de Zaporijia déconnectée
La centrale nucléaire de Zaporijia, sous contrôle russe et qui a été la cible de plusieurs bombardements, est « totalement déconnectée » du réseau à la suite de l’endommagement des lignes de communication. « Les deux réacteurs de la centrale en fonctionnement ont été déconnectés du réseau. Par conséquent, les actions des envahisseurs ont provoqué une déconnexion totale de la centrale nucléaire de Zaporijia du réseau électrique, pour la première fois de son histoire », annonce l’opérateur ukrainien Energoatom sur Telegram.
Selon l’opérateur ukrainien, des incendies sur le territoire de la centrale thermique de Zaporijia, située à proximité de la centrale nucléaire, dans le sud de l’Ukraine, ont provoqué par deux fois la déconnexion de la dernière (quatrième) ligne de communication reliant le site au réseau électrique. « Trois autres lignes de communication avaient été précédemment endommagées lors d’attaques terroristes » russes, poursuit Energoatom. L’approvisionnement en électricité de la centrale nucléaire en elle-même est assuré depuis la centrale thermique, selon la même source. « Des opérations sont en cours pour connecter un réacteur au réseau », a-t-elle ajouté.
Dans son point quotidien, le ministère de la défense britannique publie une image satellite du 21 août 2022 montrant que « la Russie maintient une présence militaire renforcée sur le site, avec véhicules blindés de transport de troupes déployés à moins de 60 mètres du réacteur numéro 5 ». Londres ajoute que « les troupes russes tentent probablement de dissimuler les véhicules en les garant sous des tuyaux aériens et des portiques. La Russie est prête à exploiter toute activité militaire ukrainienne près [de la centrale] à des fins de propagande ».
Des armes à sous- munitions
Dans son rapport annuel, l’Observatoire des armes à sous-munitions (Cluster Munition Coalition, CMC) accuse la Russie d’avoir massivement utilisé des armes à sous-munitions en Ukraine, causant des centaines de victimes civiles et endommageant des habitations, des écoles et des hôpitaux, a déclaré ce jeudi cet organisme de surveillance. « Des centaines d’attaques d’armes à sous-munitions menées par les forces russes ont été documentées, signalées ou auraient eu lieu en Ukraine cette année », écrit le CMC. « Les forces ukrainiennes semblent également avoir utilisé l’arme à plusieurs reprises dans le conflit en cours », qui a débuté le 24 février avec l’offensive russe, selon l’organisme.
« L’utilisation massive par la Russie en Ukraine d’armes à sous-munitions internationalement interdites démontre un mépris flagrant pour la vie humaine, les principes humanitaires, et les normes juridiques », a déclaré Mary Wareham, rédactrice du chapitre sur les politiques d’interdiction du rapport.
Ce rapport de 100 pages est publié alors que les Etats parties à la convention se préparent pour leur réunion annuelle, qui aura lieu du 30 août au 2 septembre au siège principal des Nations unies en Europe, à Genève. Ni la Russie ni l’Ukraine n’ont adhéré à la convention interdisant ces armes, qui compte 110 Etats parties et 13 autres signataires.
Russie : davantage de soldats
Vladimir Poutine a signé un décret ordonnant d’augmenter de 10 % le nombre de militaires que compte l’armée. L’armée devra compter deux millions de membres, dont 1,15 million de soldats, contre 1,9 million, dont un peu plus d’un million de combattants, en 2017, selon ce décret publié par le gouvernement et entrant en vigueur le 1er janvier 2023.
Concrètement, sans compter le personnel civil, cela représente une augmentation de 137 000 militaires, soit plus du dixième de la force de combat actuelle.
Cette mesure, dont les raisons ne sont pas expliquées dans le décret, intervient alors que l’armée russe mène depuis plus de six mois une offensive en Ukraine très coûteuse en moyens humains et matériels.
Kiev veut un tribunal international
Au septième mois de la guerre, Kiev a l’intention de créer dès l’année prochaine un tribunal international afin d’y faire juger le président russe, Vladimir Poutine, et les responsables de l’invasion de l’Ukraine, a révélé à l’Agence France-Presse un haut responsable ukrainien. Ce plan en vue de la création de ce tribunal qui devra se prononcer sur le « crime d’agression » de la Russie est chapeauté par Andriy Smyrnov, directeur adjoint du cabinet présidentiel. Le « crime d’agression » est similaire à la notion de « crime contre la paix » utilisée lors des procès de Nuremberg et de Tokyo au sortir de la seconde guerre mondiale.
La Cour pénale internationale (CPI) a déjà commencé à enquêter sur les crimes pour lesquels elle est compétente (génocide, crime contre l’humanité et crime de guerre) mais elle ne peut se saisir des accusations de « crime d’agression » car ni Moscou ni Kiev n’ont ratifié le statut de Rome l’établissant en 2010.
« Le monde a la mémoire courte : c’est pour ça que j’aimerais que ce tribunal se mette au travail dès l’année prochaine », ajoute Andriy Smyrnov, qui se dit « prudemment optimiste ».
Vérifier le rôle de TotalEnergies en Russie
Des vérifications sont nécessaires sur un éventuel détournement de sanctions contre la Russie, a déclaré sur France 2 Clément Beaune, le ministre des transports, au lendemain de la publication d’un article du Monde selon lequel TotalEnergies est impliqué dans la vente à la Russie de condensat de gaz, qui, une fois transformé en kérosène, sert à ravitailler les avions de combat russes engagés en Ukraine.
« Moi je n’ai pas mené l’enquête, je n’ai pas personnellement (…) d’informations sur ce sujet. Il faut simplement faire la lumière, je n’ai pas à croire a priori tel ou tel », a dit Clément Beaune. « C’est un sujet extrêmement sérieux, donc il faut bien vérifier que, volontairement ou involontairement, il n’y a pas de détournement, soit des sanctions, soit de l’énergie qu’une entreprise française ou autre produirait. »