-Alors que le conflit est entré dans son 206e jour, les forces armées ukrainiennes ont dressé, samedi, le bilan des pertes russes depuis le 24 février. Le ministère de la défense ukrainien dénombre 54 250 soldats tués et estime les pertes d’équipements militaires à 251 avions, 216 hélicoptères ou encore 2 202 chars.
Outre les défaillances militaires observées dans le cadre de la contre-offensive menée dans la région de Kharkiv, la Russie peine également à regarnir les rangs de son armée et multiplie les efforts pour recruter des « volontaires ».
D’autre part, la cadence des exécutions s’accélère pour les Ukrainiens ayant choisi de collaborer avec les autorités russes d’occupation. Vendredi, au moins cinq d’entre eux ont été éliminés au cours de trois incidents séparés, dans des régions du sud et de l’est de l’Ukraine occupées par la Russie. Des opérations menées parallèlement aux deux contre-offensives pilotées par l’armée ukrainienne dans les oblasts de Donetsk et de Kherson.
Tribunal pour crimes de guerre
La République tchèque, qui assure actuellement la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne (UE), a appelé, samedi, à la création d’un tribunal international pour les crimes de guerre. Cet appel fait suite à la découverte de plus de 400 tombes en périphérie d’Izioum. Selon les enquêteurs, certains corps exhumés avaient les mains attachées derrière le dos. Des corps d’enfants ont aussi été trouvés.
« Au XXIe siècle, de telles attaques contre la population civile sont impensables et odieuses, a déclaré le ministre des affaires étrangères tchèque, Jan Lipavsky, sur Twitter. Nous ne devons pas passer outre. Nous sommes pour la punition de tous les criminels de guerre. » « J’appelle à la création rapide d’un tribunal international spécial qui poursuivra le crime d’agression » (sic), a ajouté M. Lipavsky.
ONU : Zelensky parlera
Les États membres de l’ONU ont autorisé ce vendredi 16 septembre de façon exceptionnelle le président ukrainien à s’exprimer par l’intermédiaire d’un message vidéo lors de l’Assemblée générale annuelle des Nations unies la semaine prochaine. À partir de mardi, quelque 150 chefs d’États et de gouvernements doivent défiler à la tribune de l’Assemblée générale à New York. Alors qu’en raison du Covid-19, ces deux dernières années les discours avaient eu lieu totalement ou en partie en virtuel, les règles habituelles s’appliquent de nouveau cette année. Seuls les présents peuvent parler.
Mais plus de 50 États, dont l’Ukraine, les États-Unis, la France, la Turquie, le Royaume-Uni, ou encore la Corée du Sud et la Colombie, ont soumis une proposition pour faire une exception pour le président Volodymyr Zelensky.
Le texte note «avec préoccupation» la situation de certains dirigeants «épris de paix» qui ne peuvent participer en personne aux réunions onusiennes «pour des raisons indépendantes de leur volonté en raison d’une invasion étrangère, d’une agression ou d’hostilités militaires en cours qui les empêchent de quitter leur pays et d’y retourner en toute sécurité», «ou de la nécessité d’assurer leur défense nationale et de s’acquitter des fonctions de sécurité».
Par 101 voix pour, 7 contre (dont la Russie, la Syrie, Cuba et la Corée du Nord) et 19 abstentions, l’Assemblée générale a donc décidé, «sans que cela ne crée de précédent» pour les réunions ultérieures, que «l’Ukraine peut présenter une déclaration préenregistrée de son chef d’État, qui sera diffusée dans la salle de l’Assemblée générale» la semaine prochaine. L’ambassadeur russe adjoint Dmitry Polyansky, a dénoncé la «politisation d’une décision procédurale».
L’avertissement de Biden
Avant de partir cet après-midi pour Londres, le président américain a une nouvelle fois mis en garde son homologue russe Vladimir Poutine contre l’utilisation d’armes chimiques ou nucléaires en Ukraine, à l’heure où l’armée ukrainienne mène une importante contre-offensive dans le pays. «Cela changerait le cours de la guerre d’une façon jamais vue depuis la Seconde Guerre mondiale», a averti le dirigeant américain lors d’une interview à CBS. «Ne le faites pas, ne le faites pas, ne le faites pas», a lancé Joe Biden en direction du président russe Vladimir Poutine, promettant une réponse «conséquente» des États-Unis si cette étape venait à être franchie. La Russie «deviendrait encore plus un paria dans le monde, plus qu’elle ne l’a jamais été», a-t-il averti.