L’hiver approche et les capacités énergétiques ukrainiennes fondent. « Près de la moitié de notre système énergétique a été mis hors d’état de fonctionner », a déploré le Premier ministre ukrainien, Denys Chmygal, ce vendredi 18 novembre, lors d’une conférence de presse à Kiev. Il a demandé « un soutien supplémentaire » de l’Union européenne pour faire face à cette situation, notamment causée par des frappes russes contre les installations ukrainiennes.
Au lendemain de nouvelles frappes russes dans plusieurs villes, dont Kiev, des millions de personnes n’ont plus de courant. Ces bombardements répétitifs sont survenus durant les premières neiges, alors que le mercure pourrait descendre jusqu’à -10°C dans les prochains jours.
Tortures à Kherson
Un haut responsable ukrainien chargé des droits de l’Homme a fait état de l’étendue «horrible» de tortures à Kherson pendant l’occupation russe de cette ville de sud de l’Ukraine, reprise la semaine dernière par les forces de Kiev.
«Je n’ai pas encore vu» de tortures «à une telle échelle», «après avoir visité toutes les salles de torture dans diverses régions de l’Ukraine», a déclaré Dmytro Loubynets, chargé du Parlement des droits de l’Homme à la télévision nationale. «L’étendue est simplement horrible», a-t-il ajouté.
Des «dizaines de personnes» étaient «électrocutées, battues avec des tuyaux métalliques. Leurs os étaient brisés» et «les Russes ont filmé tout cela», a-t-il accusé. «Je suis sûr que dans chaque localité importante on va découvrir une salle de torture. Car c’est un système mis en place par la Russie».
Les autorités ukrainiennes ont annoncé avoir découvert plusieurs salles de torture dans des zones de la région de Kherson reprises récemment aux Russes après des mois d’occupation.
Orban, sanctions et guerre
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a qualifié ce vendredi les sanctions de l’UE contre la Russie de « pas vers la guerre .
« Quiconque intervient économiquement dans un conflit militaire prend position », a déclaré le dirigeant nationaliste lors de sa traditionnelle interview à une radio proche du pouvoir.
« Maintenant nous fournissons des armes destructrices, nous entraînons des soldats ukrainiens sur notre propre territoire, nous imposons des sanctions sur l’énergie.(…) Nous devenons partie intégrante » du conflit, a insisté M. Orban.
« On ne nous tire pas encore dessus, mais nous sommes sur le point de devenir un belligérant. L’Europe se livre à un jeu très dangereux ». « Petit à petit, nous glissons vers la guerre », a-t-il insisté, s’inquiétant de l’accumulation de mesures prises pour sanctionner l’offensive russe en Ukraine.
Viktor Orban s’oppose également à la proposition de la Commission européenne d’accorder à l’Ukraine une aide de 18 milliards d’euros pour 2023, sous forme de prêts dont les intérêts seraient pris en charge par les Etats membres.
« La Hongrie ne va pas accepter que les membres de l’UE contractent ensemble des prêts pour aider l’Ukraine », a-t-il déclaré lors d’une conférence, selon des propos rapportés par l’agence de presse MTI.
Il préconise plutôt le versement d’une somme, divisée « équitablement » entre les Vingt-Sept. La Hongrie pourrait fournir jusqu’à 70 milliards de forints (170 millions d’euros) dans le cadre d’un accord bilatéral avec Kiev, a-t-il précisé.
Nord Stream : sabotage confirmé
Les explosions qui ont touché en septembre les gazoducs Nord Stream 1 et 2 en mer Baltique, construits pour acheminer le gaz russe en Europe, relèvent du sabotage, a annoncé vendredi le procureur en charge de l’enquête préliminaire menée en Suède.
« Les analyses qui ont été réalisées montrent des restes d’explosifs sur plusieurs des objets étrangers découverts », a déclaré dans un communiqué le procureur Mats Ljungqvist.
« La poursuite de l’enquête préliminaire pourra montrer si quelqu’un peut être poursuivi pour crime », a ajouté le parquet.
Fin septembre, quatre énormes fuites de gaz avaient été détectées sur les gazoducs reliant la Russie à l’Allemagne, toutes dans les eaux internationales.
Deux se trouvent toutefois dans la zone économique suédoise et deux dans celle du Danemark.
Les inspections préliminaires sous-marines avaient renforcé les soupçons de sabotage, les fuites ayant été précédées d’explosions, selon les enquêteurs.
Fin octobre, le consortium Nord Stream, dont le russe Gazprom est l’actionnaire majoritaire, avait envoyé un navire civil sous pavillon russe pour procéder à une inspection en zone suédoise.
En novembre, Nord Stream a également reçu l’autorisation d’inspecter les gazoducs en zone danoise, où une autre enquête est en cours.
Des fortifications en Crimée
La Russie a annoncé ce vendredi qu’elle effectuait des travaux de fortification dans la péninsule de Crimée annexée, après le repli de ses soldats dans la région ukrainienne voisine de Kherson face à une contre-offensive de Kiev.
« Des travaux de fortification sont menés sous mon contrôle sur le territoire de la Crimée afin de garantir la sécurité des Criméens », a déclaré Sergueï Aksionov, le gouverneur installé par Moscou après l’annexion de cette péninsule ukrainienne en 2014.
Il a toutefois souligné que la sécurité de la Crimée passait « principalement par des mesures à mettre en œuvre sur le territoire de la région de Kherson », qui jouxte la péninsule, dans le sud de l’Ukraine.
En octobre, le pont de Crimée, qui rattache la péninsule au territoire russe, avait été partiellement détruit dans une attaque attribuée à l’Ukraine par Moscou, qui a évoqué un camion piégé.
Macron à l’APEC
Le président français Emmanuel Macron a appelé ce vendredi les pays d’Asie-Pacifique à se joindre au « consensus croissant » contre la guerre en Ukraine, en soulignant que cette guerre était aussi « leur problème ».
« La priorité numéro un de la France est de contribuer à la paix en Ukraine et d’essayer d’avoir une dynamique mondiale pour mettre la pression sur la Russie », a-t-il lancé au sommet des dirigeants économiques de l’Apec.
« La France ne se concentre pas seulement sur le soutien à l’Ukraine et nous continuerons à la soutenir », a-t-il dit dans un discours en anglais.
Elle veut aussi « travailler très étroitement avec différents pays comme la Chine, l’Inde, toute la région, le Moyen-Orient, l’Afrique, l’Amérique latine, pour créer un consensus croissant et dire « cette guerre est aussi votre problème parce qu’elle va créer beaucoup de déstabilisation » ».
« Aidez-nous à faire passer ce message à la Russie : « arrêtez la guerre, respectez l’ordre international, revenez à la table (des négociations) » », a-t-il martelé.