La défense antiaérienne ukrainienne a abattu « la totalité des 13 drones » lancés par la Russie lors de nouvelles frappes sur Kiev et ses environs ce mercredi matin, a indiqué le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans une vidéo.
« Les terroristes ont commencé la matinée avec 13 Shahed », a déclaré M. Zelensky en référence aux drones kamikazes de fabrication iranienne. « Selon des informations préliminaires, la totalité des 13 ont été abattus par notre système de défense antiaérienne », s’est-il félicité.
La capitale ukrainienne a été visée par « deux vagues » de drones, qui n’ont pas fait de victimes, a de son côté précisé le chef de l’administration militaire de la ville, Serguiï Popko, dans un communiqué publié sur Telegram.
« Des éclats de drones abattus ont touché un bâtiment administratif » dans le quartier Chevtchenkivsky dans le centre-ouest de la capitale, a-t-il déclaré. Sur place, des journalistes de l’AFP ont vu ce bâtiment au toit partiellement arraché.
« Quatre immeubles résidentiels » ont été légèrement endommagés, a ajouté M. Popko. Des explosions ont été entendues dans le centre de Kiev mercredi matin, avait, pour sa part, annoncé le maire de la capitale ukrainienne, Vitaly Klitschko.
Le président ukrainien a de nouveau réclamé ce mercredi la mise en place « le plus rapidement possible » d’un tribunal spécial pour juger les crimes de la Russie dans son pays, à l’occasion de la remise officielle au peuple ukrainien du prix Sakharov pour la liberté de pensée.
« Nous ne pouvons pas attendre la fin de la guerre pour traduire en justice toutes celles et tous ceux qui ont déclenché cette guerre, nous devons également prévenir qu’une telle agression se répète », a déclaré le dirigeant, s’exprimant en visioconférence dans l’hémicycle du Parlement européen à Strasbourg.
Pas de trêve
Aucune trêve de Noël ou du Nouvel An sur le terrain en Ukraine n’est en discussion, a déclaré ce mercredi le Kremlin, à l’approche des fêtes de fin d’année.
« Aucune proposition n’a été formulée par qui que ce soit, ce sujet n’est pas à l’ordre du jour », a dit à la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, interrogé sur la possibilité d’une pause dans les combats en Ukraine.
Le porte-parole du Kremlin a par ailleurs refusé d’avancer une date pour le discours annuel de Vladimir Poutine aux deux chambres du Parlement russe et qui n’a pas eu lieu en 2022.
Le président russe a déjà renoncé, sans explications, à sa grande conférence de presse annuelle, sur fond de revers humiliants dans sa campagne militaire en Ukraine ces derniers mois.
La Russie a exclu de retirer ses forces armées d’Ukraine et a juré de poursuivre les combats.
Un haut responsable de l’occupation russe dans l’est de l’Ukraine, Denis Pouchiline, a même assuré, dans un entretien avec l’agence de presse Ria-Novosti, vouloir aller « libérer Odessa et Tcherniguiv », deux villes ukrainiennes situées respectivement dans le sud et le nord, loin de la ligne de front actuelle.
Interrogé sur ces propos, Dmitri Peskov les a tempérés, disant que la priorité était de « protéger les personnes des régions de Lougansk et Donetsk », dans l’est de l’Ukraine.
Echange de prisonniers
Soixante-quatre Ukrainiens et un Américain ont été libérés ce mercredi dans un nouvel échange de prisonniers entre Kiev et Moscou, a annoncé la présidence ukrainienne.
« 64 soldats des forces armées ukrainiennes, qui ont combattu dans les régions de Donetsk et de Lougansk, en particulier (…) rentrent chez eux », s’est félicité sur Telegram le chef de cabinet de la présidence, Andriï Iermak, précisant qu’un Américain, Suedi Murekezi, « a également été libéré » dans l’échange.
Selon l’agence de presse russe Tass, M. Murekezi a été arrêté en juin dans l’est de l’Ukraine avant d’être inculpé début août pour avoir « participé à des manifestations pro-ukrainiennes et antirusses » et « incité à la haine raciale » à Kherson (sud) au début du conflit.
Selon son avocat, cité par Tass au moment de son inculpation, il s’était retrouvé dans ces rassemblements « par hasard ».
Son client « n’a jamais pris part aux opérations militaires » dans la région de Donetsk, avait-il dit, ajoutant qu’« il travaillait dans une boîte de nuit à Kherson ».
Au cours de l’échange de mercredi, quatre corps « ont également été restitués », a par ailleurs précisé Andriï Iermak.
Commandos britanniques
Des commandos britanniques ont mené des «opérations discrètes» dans un «environnement extrêmement sensible», a admis Robert Magowan, ancien commandant général des Royal Marines dans le Globe and Laurel, la revue officielle des Marines, comme le relève le Times . C’est la première fois qu’un militaire reconnaît la participation de Britanniques à des opérations spéciales comportant «un haut niveau de risque politique et militaire». Le ministère de la Défense avait cependant assumé la présence de 30 commandos de Sa Majesté déployés pour protéger l’ambassade.
Environ 350 Marines du «45 commandos», un régiment spécialisé dans la guerre en milieu arctique, ont quitté en janvier dernier un exercice en Norvège «sur très court préavis», relate Robert Magowan pour évacuer l’ambassade vers la Pologne. Selon le militaire, ils y sont retournés en avril «pour rétablir la mission diplomatique, assurant la protection du personnel critique». «Au cours des deux phases, les commandos ont soutenu d’autres opérations discrètes dans un environnement extrêmement sensible et avec un haut niveau de risque politique et militaire», a-t-il ajouté.
Eglises perquisitionnées
Les services ukrainiens de sécurité (SBU) ont annoncé mercredi 14 décembre prendre des «mesures de contre-espionnage» dans des édifices religieux orthodoxes dépendant de l’Église russe.
Dix-neuf monastères, cathédrales et églises appartenant à l’Église orthodoxe relevant du Patriarcat de Moscou sont concernés par ces mesures qui visent à «contrer les activités subversives des services secrets russes dans notre pays», a écrit le SBU dans un communiqué. Ces centres religieux se trouvent dans les régions de Transcarpatie, Tchernivtsi, Rivné, Volyn, Lviv (ouest), Jytomyr (centre-ouest) Mykolaïv et Kherson (sud) et Soumy (nord), a-t-il souligné.
Le SBU a expliqué qu’il cherchait ainsi à «protéger la population contre des provocations et des attentats terroristes» ainsi qu’à «empêcher l’utilisation des communautés religieuses en tant que centres du monde russe». Un concept créé par Moscou pour notamment tenter de justifier l’invasion russe de l’Ukraine par le besoin de rattacher ce pays à la Russie en vue de former un ensemble russophone et orthodoxe.