Le gouvernement allemand va examiner « avec l’urgence requise » la demande d’autorisation de la Pologne de transférer 14 chars lourds Leopard 2 à l’Ukraine afin de l’aider à repousser l’invasion russe, a annoncé ce mardi un de ses porte-parole.
« La demande nous est parvenue (…) Nous allons traiter la demande avec l’urgence requise conformément à la procédure prévue », a-t-il précisé.
Le ministre polonais de la Défense avait auparavant dit avoir demandé à l’Allemagne son accord pour envoyer des Leopard 2, des blindés de fabrication allemande, à l’Ukraine, où les forces russes continuent de revendiquer des avancées sur le terrain.
Le gouvernement d’Olaf Scholz subit depuis plusieurs jours une pression croissante en vue de donner son aval, aux Etats membres de l’Otan qui le souhaitent, pour livrer à l’Ukraine des chars de combat, mais a rechigné à s’y résoudre à l’heure actuelle.
La Pologne et la Finlande ont proposé de livrer des Leopard qu’elles possèdent, mais ont besoin de l’agrément officiel de Berlin en vue d’une réexportation.
« J’espère que cette réponse des Allemands viendra rapidement cette fois, parce que les Allemands tardent, tergiversent, agissent d’une manière difficile à comprendre », a déclaré à la presse le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki.
Le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius a déclaré que les pays alliés de l’Ukraine possédant des chars lourds Leopard pouvaient commencer à former des troupes ukrainiennes à leur utilisation, même si l’Allemagne n’a pas encore donné son aval à leur livraison à Kiev.
Moscou réagit
Des livraisons à Kiev de chars de fabrication allemande Leopoard n’augureraient « rien de bon », a prévenu en retour le Kremlin, au moment où la pression s’accroît sur Berlin pour autoriser l’envoi de ces blindés en Ukraine. « De telles livraisons n’apporteront rien de bon à la relation » russo-allemande, a estimé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, jugeant que cela « laisserait une trace indélébile ».
Peskov a ajouté qu’il n’y avait pas de réunions ni de contacts concrets entre la Russie d’une part et l’Allemagne et d’autres pays de l’Union européenne et de l’Otan d’autre part.
L’Estonie donne ses canons
L’ambassadeur d’Estonie en Ukraine, Kaimo Kuusk, a affirmé que Tallinn donnerait tous ses canons [tractés] FH-70 de 155 mm à Kiev. Cela étant, il en avait déjà été question lors de la réunion des soutiens de l’Ukraine, organisées à Ramstein [Allemagne], le 20 janvier. Mais l’ampleur de cette aide n’avait cependant pas été précisée.
« Nous voulons créer un précédent de cette manière afin que les autres pays n’aient aucune excuse pour ne pas fournir à l’Ukraine les armes nécessaires pour gagner la guerre », a justifié M. Kuusk, via les réseaux sociaux.
Les 24 obusiers FH-70 en dotation au sein de l’armée estonienne feront partie d’un « paquet d’assistance militaire » beaucoup plus large, comprenant des canons D-30 de 122 mm [que Tallinn voulait donner à Kiev avant le début de la guerre… malgré l’opposition de l’Allemagne, ces pièces provenant des stocks de l’ex-République démocratique allemande, ndlr], des milliers d’obus de 155 mm, des centaines de lance-grenades anti-char Karl-Gustaf avec leur munitions et des « moyens de soutien aux unités d’artillerie ». Ce qui représentera une aide d’une valeur de 113 millions d’euros.
« Cela fait monter notre aide à l’Ukraine à 400 millions d’euros, soit 1,1 % de notre PIB », a fait valoir Hanno Pevkur, le ministre estonien de la Défense. « Si tous les pays de l’Union européenne faisaient pareil, l’aide apportée à l’armée ukrainienne atteindrait environ 150 milliards d’euros », a-t-il fait remarquer.
À noter que le Danemark n’a pas lésiné non plus sur son aide militaire étant donné qu’il livrera à Kiev les 19 caesar [Camions équipés d’un système d’artillerie] commandés auprès de la France.
Au passage, le don des obusiers FH-70 pourrait être soumis à une autorisation de Berlin, ces pièces d’artilleries ayant été produites par l’allemand Rheinmetall et le britannique Vickers. Cela étant, l’Italie en a déjà livré plusieurs exemplaires à l’armée ukrainienne.
Démissionnés pour corruption
Cinq gouverneurs régionaux et quatre vice-ministres ont été démis de leurs fonctions en Ukraine, a annoncé le gouvernement mardi après un scandale de corruption présumé dans l’armée, en pleine invasion russe du pays.
Selon Taras Melnytchouk, représentant du gouvernement auprès du Parlement, les gouverneurs des régions de Dnipropetrovsk (centre) Valentin Reznitchenko, de Zaporijjia (sud) Oleksandre Staroukh, de Soumy (nord) Dmytro Jivytsky, de Kherson (sud) Iaroslav Ianouchevitch et de la capitale Kiev, Oleksiï Kouleba, vont quitter leurs postes.
M. Reznitchenko a été accusé par plusieurs médias en novembre d’avoir attribué des contrats sur la réparation de routes portant sur des dizaines de millions d’euros à un groupe co-fondé par sa petite amie travaillant comme entraîneuse fitness.
Selon des informations de presse, cet homme ainsi que ses confrères des régions de Soumy, Kherson et Zaporijjia figurent dans des enquêtes judiciaires, alors que le limogeage de M. Kouleba est lié à sa prochaine nomination au sein de l’administration présidentielle.
Le gouvernement a également limogé le vice-ministre de la Défense Viatcheslav Chapovalov – dont la démission avait déjà été annoncée plus tôt mardi -, celui de la Politique sociale Vitali Mouzytchenko et deux vice-ministres du Développement territorial, Ivan Loukeria et Viatcheslav Negoda.
Anatoliï Ivankevitch et Viktor Vychniov, tous deux chefs adjoints du service ukrainien des transports maritimes et fluviaux, ont également été démis de leurs fonctions.
Ces limogeages et démissions en cascade interviennent après des révélations de presse faisant état de prix gonflés dans un contrat d’approvisionnement alimentaire de l’armée ukrainienne, premier scandale de corruption à éclater depuis le début de la guerre au sein du ministère de la Défense.
Le président Volodymyr Zelensky avait annoncé lundi soir une série de « décisions relatives au personnel » face à ce scandale.
Les affaires de corruption étaient monnaie courante avant l’invasion russe de l’Ukraine. Ce scandale intervient alors que Kiev réclame à ses alliés occidentaux, dont le soutien militaire et financier est crucial, l’envoi de centaines de tanks pour faire face à Moscou.
Avant la guerre, Zelensky était très critiqué pour ne pas avoir tenu ses promesses de lutter contre la corruption.
Le déserteur arrêté
Quelques jours après son arrivée en Norvège, le déserteur a été arrêté par la police norvégienne en vertu de la loi sur l’immigration. Les motifs exacts de cette arrestation n’ont pas été précisés, mais, selon son avocat, elle est due « à des manquements aux règles de sécurité » qui l’entourent.
Andreï Medvedev, 26 ans, avait franchi la frontière russo-norvégienne dans le Grand Nord dans la nuit du 12 au 13 janvier et demandé asile au pays scandinave, se disant prêt selon son avocat à « parler de son expérience au sein du groupe Wagner aux gens qui enquêtent sur des crimes de guerre ».
Faisant figure de témoin potentiellement précieux pour faire la lumière sur la brutalité du groupe paramilitaire en Ukraine, il a été mis sur le gril par les autorités norvégiennes depuis son arrivée dans le pays, dans un lieu tenu secret et placé sous haute protection.