Ce lundi, les autorités ukrainiennes ont confirmé avoir repris la localité de Robotyne, un petit village situé au nord-est de Melitopol, aujourd’hui réduit à un champ de ruines. Une prise synonyme d’une percée vers le Sud des forces de Kiev, qui souhaiteraient dans l’idéal continuer leur progression jusqu’à la mer d’Azov.
La prise de Robotyne n’est pas négligeable. Si son intérêt purement territorial reste marginal, son intérêt symbolique est en revanche bien plus intéressant. La localité est en effet située en plein cœur de la ligne de défensive russe, au sein de laquelle les soldats ukrainiens avaient tant de mal à pénétrer ces dernières semaines.
« Nous avons réussi à franchir les routes principales qui étaient minées. Juste derrière, il y a les routes non minées utilisées par la logistique russe pour approvisionner leurs troupes. Nous nous rapprochons de ces lignes ou nous allons pouvoir aller plus vite et plus loin », dit le commandant du bataillon d’assaut Skala, qui a justement repris Robotyne.
Dans les faits, cette brèche réalisée pourrait créer un appel d’air, et la chute de localités bien plus importantes. Selon les spécialistes de la question militaire, l’objectif ukrainien pourrait maintenant être de reprendre les villes de Tokmak et de Melitopol, un hub logistique capital pour Moscou situé une soixantaine de kilomètres plus au sud, et ainsi couper une partie de l’armée russe de son approvisionnement.
« La saisie de Melitopol permettrait d’isoler la partie ouest avec la Crimée de la partie est. Ce serait un coup très dur pour les Russes puisqu’il ne resterait pour alimenter la Crimée que le fameux pont de Kertch, qui fait l’objet d’attaques régulières de la part des forces ukrainiennes », confirme, à BFMTV, le général Jérôme Pellistrandi, consultant défense de l’antenne.
Sur le front est, les troupes ukrainiennes ont avancé également au sud de Bakhmout — capturée en mai par les Russes –, et ont repris un kilomètre carré au cours de la dernière semaine de combats, a indiqué la vice-ministre.
Dans le nord-est, Ganna Maliar a reconnu des combats « très intenses » dans le secteur de Koupiansk, où l’armée russe a revendiqué des gains ces dernières semaines. La ville redoute une deuxième occupation russe. « Il y a 45 000 soldats d’occupation dans la zone de Koupiansk et 48 000 dans celle de Lyman », a détaillé dimanche un attaché de presse de l’armée ukrainienne.
Exercice annulé faute de soldats ?
La Russie a « très probablement annulé l’exercice Zapad-23 (Zapad signifie ouest en russe), son projet d’exercice stratégique conjoint » qui devait avoir lieu au mois de septembre 2023, indique le ministère britannique de la Défense dans son compte rendu quotidien sur la guerre en Ukraine.
Selon ce rapport, ces grandes manœuvres militaires, programmées tous les deux ans, pâtissent des difficultés de l’armée du Kremlin sur le front ukrainien. « La piètre performance de l’armée russe en Ukraine a mis en lumière le fait que ces exercices stratégiques conjoints n’ont eu qu’une valeur d’entraînement limitée et qu’ils ont été en grande partie un spectacle », indiquent les services de renseignement britanniques.
Ces derniers estiment également que Zapad-23, qui se veut « le point culminant d’une année d’entraînement militaire et dont l’objectif est de démontrer la puissance de l’armée russe », aurait également été annulé parce que l’armée russe manque « de troupes et d’équipements ».
« Il est tout à fait possible que les dirigeants russes soient également sensibles aux critiques nationales susceptibles de découler de l’organisation d’un autre exercice militaire à la présentation soignée en temps de guerre », poursuit le ministère britannique de la Défense.
Comme l’indique Le Monde, la Russie est coutumière de ces exercices militaires qui sont autant de démonstrations de force qui peuvent réunir de 10.000 à 100.000 hommes.
Le dernier en date, Zapad-21, qui s’est déroulé en septembre 2021, est « le plus grand exercice militaire russe orchestré depuis l’époque soviétique », rapportent les renseignements britanniques.
Zelensky : comme Israël
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a évoqué Israël lors d’une interview diffusée dimanche en notant la nécessité pour la société de s’habituer à un conflit prolongé.
Alors que la guerre de 18 mois avec la Russie s’éternise, il semble de plus en plus possible que le conflit prenne des années pour parvenir à une résolution.
S’adressant aux médias locaux, Zelensky a déclaré : « Nous devons apprendre à vivre avec [le conflit]. Nous devons apprendre. Israël est en guerre. Cela dépend du type de guerre.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a évoqué Israël lors d’une interview diffusée dimanche en notant la nécessité pour la société de s’habituer à un conflit prolongé.
« Nous sommes prêts à continuer à nous battre pendant une très longue période… [tout en] minimisant le nombre de victimes. Comme en Israël, par exemple. Nous pouvons vivre comme ça.
Contrairement à Israël, cependant, il a noté que Kiev ne pouvait pas mener le combat sur le territoire de son ennemi car il y avait « un grand risque » que le pays puisse perdre le soutien de ses alliés et « être laissé seul ».
Il a ajouté que cela pourrait se produire en tout cas pour des raisons internes aux pays qui soutiennent actuellement l’effort de guerre.
« L’Ukraine doit savoir qu’à un moment donné, elle peut être laissée à elle-même », a-t-il déclaré.
Zelensky a exprimé son désir de recevoir, comme Israël, des garanties de sécurité de Washington. Le président ukrainien est cependant conscient qu’un tel accord doit être ratifié au Congrès. Il espère aussi une invitation à entrer dans l’OTAN et annonce son intention de présenter un projet de loi assimilant la corruption à la haute trahison en temps de guerre.
Un second cargo à Istanbul
Un second cargo au départ de l’Ukraine après la fin de l’accord sur les céréales est arrivé ce lundi à Istanbul malgré le blocus russe, selon les sites de trafic maritime. Le vraquier battant pavillon libérien Primus a longé les côtes de la Roumanie et de la Bulgarie, membres de l’OTAN, après avoir quitté Odessa dimanche.
La Russie menace d’attaquer des navires au départ de l’Ukraine en mer Noire depuis qu’elle a mis fin en juillet à l’accord par lequel l’Ukraine pouvait exporter ses céréales. Elle avait procédé début août à des tirs de sommation envers un cargo appartenant à une compagnie turque qui se dirigeait vers Izmaïl, un port sur le Danube dans le sud de l’Ukraine.
Le premier cargo à avoir emprunté les nouvelles voies de navigation ukrainiennes de la mer Noire, un porte-conteneurs battant pavillon de Hong-Kong, avait quitté Odessa la semaine dernière et également rejoint Istanbul.
Erdogan bientôt en Russie
Le président turc Recep Tayyip Erdogan se rendra «bientôt» en Russie pour discuter avec son homologue russe Vladimir Poutine de la reprise de l’accord sur l’exportation des céréales ukrainiennes a annoncé lundi 28 août le porte-parole de son parti, Omer Celik.
«Notre président a pris l’initiative (de pourparlers pour la reprise de l’accord, ndlr) (…) pour éviter que le monde soit face à une crise alimentaire. Il visitera bientôt Sotchi. Nous pensons que de nouveaux développements pourraient avoir lieu après cette visite», a affirmé M. Celik.