Les forces ukrainiennes ont frappé mardi soir le pont Antonivsky, long de 1,4 km, sur le Dniepr donnant accès la ville de Kherson et le détruisant partiellement. Ce dernier est stratégique et essentiel à Moscou pour approvisionner ses forces occupant la ville du sud-est du pays car il est le seul la reliant à la rive sud du fleuve et au reste de la région.
L’information a été confirmée par Mykhaïlo Podoliak, conseiller du chef du cabinet de Volodymyr Zelensky, par Natalia Goumeniouk, porte-parole du commandement sud des forces armées ukrainiennes, ainsi que par le chef adjoint de l’administration nommé par Moscou pour la région de Kherson, Kyrylo Stremooussov.
Ce dernier a déclaré à la presse russe que le pont était toujours debout mais que son tablier était percé de trous, empêchant les véhicules de le traverser. Les forces ukrainiennes ont utilisé les lance-roquettes multiples Himars, fournis par les États-Unis pour frapper le pont, a déclaré M. Stremooussov.
« Ceux qui ont tiré sur le pont ont juste rendu la vie un peu plus difficile à la population », a estimé le représentant des autorités russes dans la région de Kherson, tout en minimisant l’impact de la fermeture du pont. « Cela n’aura aucune influence sur l’issue des combats », a-t-il avancé, arguant que « tout est prévu » : l’armée russe va installer des pontons et ponts militaires pour permettre la traversée du fleuve.
Reprise du travail dans les ports
Les trois ports ukrainiens d’Odessa, de Tchernogorsk et de Ioujne, désignés pour les exportations de céréales, ont « repris le travail », même s’il reste des efforts à faire pour assurer la sécurité des convois, a annoncé ce mercredi la marine ukrainienne sur Telegram. « La sortie et l’entrée des navires dans les ports maritimes se feront par la formation d’un convoi qui accompagnera le navire de tête. Mais cela sera précédé par le pénible travail des hydrographes » pour déterminer les voies sûres. « Nos militaires continuent de faire leur travail (…) pour rétablir le fonctionnement du transport maritime afin d’éviter une crise alimentaire mondiale », a précisé la marine ukrainienne.
Centre de coordination ouvert
Le Centre de coordination conjointe (CCC) chargé du contrôle des exportations de céréales ukrainiennes via la mer Noire a été officiellement inauguré mercredi à Istanbul, conformément aux accords signés le 22 juillet entre la Russie, l’Ukraine, la Turquie et les Nations unies.
Le centre, installé au sein d’une académie militaire, sera dirigé par « cinq représentants de la Russie, de l’Ukraine et de l’ONU, ainsi que de la Turquie, tant militaires que civils », a précisé le ministre turc de la défense, Hulusi Akar, lors d’une brève cérémonie.
Il sera chargé de conduire les inspections de navires au départ et à l’arrivée d’Istanbul afin de garantir qu’ils ne transportent rien d’autre que des céréales.
La mort des dauphins
Des biologistes ukrainiens alertent : les morts de dauphins se multiplient en mer Noire, causées par des sonars ou des explosions sous-marines. Ivan Roussev est scientifique au parc naturel national des lagunes de Limans Tuzly, près d’Odessa, dans le sud de l’Ukraine, sur les bords de la mer Noire. Il estime que 5 000 dauphins auraient péri de mars à juillet, trois fois plus qu’avant la guerre. Et pour lui, c’est l’activité navale qui est responsable.
« La raison qui explique la mort des dauphins, c’est que leur système acoustique – ce qui leur permet de se repérer dans l’eau – est affecté par les sonars russes, leur oreille interne est affectée, souligne-t-il. Quand les Russes utilisent les sonars de leurs sous-marins ou des navires de surface, cela perturbe les capacités de déplacement des dauphins. Ils se retrouvent complètement désorientés, n’ont plus de repères. Ils heurtent des rochers et ne peuvent plus chercher de la nourriture. Les dauphins qui ne peuvent plus se nourrir perdent du poids très rapidement. » Ce à quoi viennent s’ajouter les explosions sous-marines liées aux combats. Entre la ville d’Odessa et le delta du Danube, plus d’une centaine de dauphins ont été retrouvés morts près des plages, dans ce qui représente seulement 2 à 3% de la côte ukrainienne de la mer Noire.
Moscou contre la presse
Ce fut une des premières sanctions en réponse au lancement de l’invasion de l’Ukraine par la Russie : depuis le 2 mars, les médias d’Etat russes Sputnik et RT (anciennement Russia Today), accusés de « désinformation », sont interdits de diffusion dans l’Union européenne. La justice européenne a rejeté, mercredi 27 juillet, une demande d’annulation de cette suspension de la part de RT France, la branche française de ce média. La Russie a réagi en menaçant les médias occidentaux de représailles.
La Cour de justice de l’UE, dans son arrêt, estime que l’interdiction « temporaire » de RT France ne remet « pas en cause » la liberté d’expression « en tant que telle », comme l’estimait le média russe, et qu’elle est « proportionnée » à l’objectif d’éviter la « propagande » liée à « l’agression militaire de l’Ukraine ».
« Nous allons prendre des mesures de pression similaires visant les médias occidentaux qui travaillent chez nous dans le pays », a prévenu le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. « Nous n’allons pas non plus les laisser travailler dans notre pays ».
Depuis le début de la guerre, le 24 février, Moscou a notamment bloqué plusieurs sites de médias occidentaux (BBC, Die Welt, RFI, Deutsche Welle…). En mai, la Russie avait réagi à l’interdiction de RT au Canada en fermant le bureau à Moscou de la radio-télévision canadienne CBC/Radio-Canada.
De plus en plus de mariages
Alors que les combats ne faiblissent pas dans le sud et l’est du pays, les mariages sont toujours pleins de joie ici à l’ouest, pleins de baisers, mais avec une certaine gravité aussi qui n’existait peut-être pas si fort il y a encore quelques mois. Près de 100 000 unions ont été célébrées en moins de six mois en Ukraine, un chiffre en explosion. Que peut-on souhaiter aux époux ? « La paix, c’est le principal. Qu’on dorme tranquille et avec la paix, on aura le reste », résume une mariée.
Les conseils données aux jeunes époux ont changé : « La femme a aujourd’hui de nouvelles responsabilités. Il faut savoir aimer et pardonner. Les soldats qui rentrent de la guerre sont perturbés psychologiquement. C’est pourquoi la femme peut tout faire. Guérir avec son amour, avec son attitude envers son homme, avec sa compréhension. La femme doit être psychologue ».