Chute et fuite des investissements étrangers, arrivée d’un Joe Biden sans doute moins conciliant que Donald Trump, livre turque dépréciée de 50 % en trente mois face au dollar et à l’euro, dilapidation des réserves en devises ( Seulement 15,1 milliards d’euros à la mi-novembre), menacé de nouvelles sanctions en raison de ses actions « illégales et agressives » en Méditerranée contre la Grèce et Chypre, en froid avec la Russie et l’Otan, la Turquie d’ Erdogan semble s’adoucir ;
Aujourd’hui, devant les ambassadeurs des pays de l’UE en poste à Ankara, Recep Tayyip Erdogan s’est dit prêt à « remettre sur les rails » les relations entre la Turquie et l’Union européenne et a espéré que « nos amis européens montreront la même volonté ». Il y a quelques semaines, le Turc mettait en cause « la santé mentale » de Macron et appelait aux boycott des produits français. Aujourd’hui, il veut « ouvrir une nouvelle page et faire de 2021 une année de succès pour les relations entre l’UE et la Turquie est à notre portée. Nous pouvons y arriver en travaillant avec une vision à long terme, loin des préjugés et des appréhensions ». Son ministre des Affaires étrangères dit avoir eu des « discussions constructives » avec son homologue français Jean-Yves le Drian.
En novembre, Erdogan a promis de réformer le système judiciaire qui, aux ordres et à la dérive, ne respecte plus le Droit et envoie en prison sous de faux prétextes.
Face à la situation économique très dégradée qui mécontente la population, le pouvoir a également amorcé un changement de cap économique et une lutte contre l’inflation
Bien des Turcs doutent de la sincérité de leur président. Ils savent que sa cote est en nette baisse, qu’en cas d’élection aujourd’hui, il serait battu par le maire d’Ankara, Mansur Yavas, élu en mai 2019, qui réalise une percée remarquable sur la scène nationale. Il est également menacé, électoralement, par le maire d’Istanbul Ekrem Imamoglu.
On sait qu’Erdogan a toujours été prêt à tout pour garder le pouvoir. La présidentielle aura lieu en 2023. Son Parti de la justice et du développement (AKP) est crédité de 30 % des voix dans les sondages, de 37 % à 43 % pour la coalition formée avec son partenaire, le parti ultranationaliste MHP.
F.Farès