Le parquet financier a requis jeudi sept ans de prison et 300 000 euros d’amende contre Nicolas Sarkozy au procès des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de 2007 de l’ancien chef de l’Etat.
Cinq ans d’inéligibilité ont également été requis contre Nicolas Sarkozy. Les trois procureurs financiers ont déjà demandé au tribunal mardi et mercredi de reconnaître l’ancien chef de l’Etat coupable de tous les délits pour lesquels il est jugé depuis le 6 janvier: corruption, recel de détournement de fonds publics, financement illégal de campagne et association de malfaiteurs.
Au cours des 12 semaines d’audience, «c’est un tableau très sombre d’une partie de notre République qui s’est dessiné», a lancé le procureur Sébastien de la Touanne en abordant la dernière ligne droite du réquisitoire. L’ex-chef de l’Etat «a contesté les faits et ne semble pas prendre la mesure de la gravité des atteintes», a estimé l’accusation.
Une «quête effrénée de financement»
S’en prenant à Nicolas Sarkozy, Sébastien de la Touanne a dénoncé une «quête effrénée de financement» pour satisfaire une «ambition politique dévorante», et prévenu que «seule une peine d’emprisonnement et d’amende ferme» sera «en mesure de protéger la société», et en outre de «le priver de certains droits civiques».
Nicolas Sarkozy a «contesté les faits» et «ne semble pas prendre la mesure de la gravité des atteintes à la probité» qui lui sont reprochées, a ajouté le magistrat, rappelant qu’il a déjà été condamné. C’est son cinquième procès en cinq ans.
« Pacte de corruption »
Mardi et mercredi, les procureurs ont dépeint Nicolas Sarkozy en «véritable décisionnaire» et «commanditaire» d’un pacte de corruption «inconcevable, inouï, indécent», noué avec l’ex-dictateur libyen Mouammar Kadhafi pour qu’il finance sa campagne présidentielle de 2007.
Ils ont aussi détaillé les «contreparties» diplomatiques, juridiques et économiques promises selon eux au régime libyen et ont affirmé que des «traces» d’argent liquide dans la campagne victorieuse alimentaient le «faisceau d’indices» du dossier.
Pour les procureurs, tous les délits pour lesquels il est jugé depuis le 6 janvier sont constitués: ils ont demandé au tribunal de le reconnaître coupable de corruption, recel de détournement de fonds publics, financement illégal de campagne et association de malfaiteurs.
Des infractions qui font encourir à l’ancien chef de l’Etat, âgé de 70 ans, dix ans d’emprisonnement, 375 000 euros d’amende et une privation des droits civiques (donc une inéligibilité) allant jusqu’à cinq ans.
En fin d’après-midi, l’ancien président de la république a réagi sur ses réseaux sociaux et a dénoncé «l’outrance de la peine réclamée».
Les rôles des trois anciens ministres
Définitivement condamné à un an de prison ferme pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire dite des écoutes ou Bismuth, il porte depuis le 7 février un bracelet électronique à la cheville. En plus de l’ex-président, le PNF requiert contre onze prévenus, dont trois anciens ministres: Claude Guéant, 80 ans, absent pour des raisons de santé, ainsi que Brice Hortefeux, absent pour des raisons personnelles «légitimes» selon la présidente, et Éric Woerth.
Quant à Éric Woerth, en tant que trésorier de la campagne, il doit être, pour le PNF, condamné pour complicité de financement illégal, car il aurait dissimulé de l’argent liquide dans les comptes.
Deux canaux de financement, respectivement par virements et remises de cash, ont été mis en place, selon l’accusation, deux canaux qui correspondent aux deux intermédiaires de ce dossier: Ziad Takieddine (en fuite) et Alexandre Djouhri.
Sont jugés aussi un ancien proche de Nicolas Sarkozy, Thierry Gaubert, le directeur de cabinet de Mouammar Kadhafi, Bechir Saleh (en fuite), ainsi que deux hommes d’affaires saoudiens, un banquier franco-djiboutien et un ex-cadre d’Airbus.
Contre ses anciens ministres et «hommes de main» Claude Guéant et Brice Hortefeux, l’accusation a demandé des peines de respectivement six et trois ans de prison, assorties d’amende, estimant qu’ils l’avaient aidé à «nouer» un pacte de corruption avec le dictateur libyen Mouammar Kadhafi pour qu’il finance sa campagne présidentielle 2007.