Par Lotfi Khelifa
Un succès de tous les temps
Cette célèbre chanson a été revivifiée dans une nouvelle version des plus populaires, particulièrement au niveau de ses paroles au début des années 90 du siècle dernier par le chanteur populaire à la voix rauque : Kacem Kéfi. Composée au préalable par le grand maestro et compositeur Mohamed Triki à la fin des années trente au sein du prestigieux Institut de la Rachidia, « Hal kammoun mnin » avait été interprétée par Chafia Rochdi, puis par Fethia Khairi, les chanteuses vedettes de la troupe. Ce n’était point une chanson légère et belle comme rebaptisée par Kacem Kéfi aux niveaux des paroles et de la musique, mais une œuvre qui répondait aux normes de la qualité au niveau des paroles et de la musique de l’époque glorieuse de la Rachidia.
« Nana » était un sobriquet qui faisait allusion à Chafia Rochdi, qui l’avait accepté bon gré, car elle avait baptisé sa troupe musicale sous le nom d’ « Orchestre Nana. » « Hal kammon mnin», ou tout simplement « Ya nana » venait-elle contribuer à propulser encore plus son interprète Kacem Kéfi au firmament de la célébrité. Avait-il encore besoin de confirmer son aura qu’il cultivait depuis le milieu des années soixante-dix ? Car il trônait dans le milieu des fêtes de mariages où les impresarios se l’arrachaient, en plus d’être la vedette de la radio et de la télévision tunisienne. Notre chanteur fait ses premiers pas dans la chanson, bien avant de s’installer à Tunis, au sein de la troupe musicale de la radio régionale de Sfax au début des années soixante sous la conduite de ses maîtres compositeurs et maestros : Mohamed Boudaya, Mohamed Aloulou et Ahmed Hamza.
Il savait bien choisir le bon grain de l’ivraie. Car ses chansons, qu’il composait parfois lui-même, étaient majoritairement à succès. Elles se suivaient et ne se ressemblaient pas, sinon dans cette magie qu’avait cet artiste de toucher son auditoire par la simplicité des refrains et des couplets. « Ya nana » venait emboîter le pas à « Ya Salah », autre grand succès de Kacem Kéfi qui avait précédé celui de : « Ya nana. » Ce chanteur avait le flair pour dénicher ses futurs succès. Imbu des bases de l’art populaire, Kacem Kéfi préservait cet art avec sa voix déchirée et « domptait » ses admirateurs en leur offrant d’écouter et de savourer des titres qui sortaient des tripes et ne laissaient personne indifférente.