Plusieurs fois repoussée depuis mai 2023 et finalement prévue début octobre, la visite en France du président algérien Abdelmadjid Tebboune n’aura finalement pas lieu. « Je n’irai pas à Canossa », a-t-il déclaré samedi lors d’un entretien à la télévision.
Les relations entre Alger et Paris sont toujours aussi tendues après l’annonce fin juillet de l’appui de Paris au plan d’autonomie marocain pour le territoire disputé du Sahara occidental.
Alger a immédiatement retiré son ambassadeur et réduit sa représentation diplomatique en ne gardant qu’un chargé d’affaires.
Évoquant la colonisation française (de 1830 à 1962) et la question mémorielle, le président algérien a estimé que «l’Algérie a(vait) été choisie pour le grand remplacement, le vrai grand remplacement», consistant à «chasser la population locale pour ramener une population européenne avec des massacres, avec une armée génocidaire».
«Je n’accepte pas les mensonges sur l’Algérie. Nous étions une population d’environ quatre millions, et 132 ans plus tard nous étions à peine neuf millions. Il y a eu un génocide», a affirmé Abdelmadjid Tebboune.
«On demande la vérité historique», a martelé le président algérien, accusant une «minorité haineuse» en France de bloquer toute avancée sur le dossier mémoriel.
Abordant la question des essais nucléaires français en Algérie, Abdelmadjid Tebboune a lancé à la France : «vous voulez qu’on soit amis, venez nettoyer les sites des essais nucléaires».
Entre 1960 et 1966, la France a procédé à 17 essais nucléaires sur plusieurs sites dans le Sahara algérien. Des documents déclassifiés en 2013 ont révélé des retombées radioactives encore importantes, s’étendant de l’Afrique de l’Ouest au sud de l’Europe.
Abdelmadjid Tebboune a aussi évoqué l’accord franco-algérien de 1968 qui octroie un statut particulier aux Algériens en matière de droits de circulation, séjour et emploi en France. C’est devenu un «étendard derrière lequel marche l’armée des extrémistes» de droite en France, qui cherchent à l’abroger, a-t-il estimé.
En décembre 2023, l’Assemblée nationale française avait rejeté un texte demandant aux autorités françaises de dénoncer l’accord.