Fondée sur plus de 25 sources, pour certaines issues du monde du renseignement et de l’entourage du gouvernement israélien, mais aussi sur des témoignages de collaborateurs de la CPI, de diplomates et d’avocats, une enquête du Guardian et de deux publications israéliennes révèle les détails de la guerre secrète menée par Benyamin Netanyahou contre la Cour depuis 2015.
L’enquête menée par le Guardian et les magazines israéliens +972 et Local Call révéle qu’Israël a mené une «guerre» secrète contre la Cour pénale internationale (CPI) pendant près d’une décennie. L’Etat hébreu a déployé ses outils de renseignement pour surveiller, faire pression et possiblement menacer les hauts responsables de la CPI dans le but de dynamiter les enquêtes de la CIJ.
Les appels, messages et e-mails des procureurs Karim Khan et Fatou Bensouda ont été interceptés. L’agence d’espionnage nationale, le Shin Bet, a été impliquée, tout comme la direction du renseignement militaire, Aman, et la division du cyberespionnage, l’unité 8200. Le directeur du Mossad Yossi Cohen a lui-même «harcelé» et «menacé» la procureure Fatou Bensouda, pour la dissuader de lancer une enquête formelle sur d’éventuels crimes de guerre dans les territoires palestiniens occupés.
La surveillance s’est poursuivie ces derniers mois, permettant au Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, de connaître à l’avance les intentions de la CIJ. Une communication récemment interceptée suggère que Karim Khan voulait émettre des mandats d’arrêt contre des Israéliens mais qu’il aurait été soumis à «d’énormes pressions de la part des États-Unis», selon une source proche du dossier.